• j'ai usé de mes charmes sur elle
    durant deux nuits dans un bar -
    pourtant c'était de l'histoire ancienne
    puisque nous nous étions aimés
    pendant 16 mois -
    mais elle ne voulait pas venir chez moi
    "car cette autre femme y a été"
    et je n'ai su que dire : "d'accord, d'accord
    qu'est-ce qu'on fait?"

    elle arrivait du nord et était à la recherche
    d'un appartement en attendant,
    comme elle logeait chez sa copine, elle
    s'était rendue chez son loueur de caravanes
    et lui avait emprunté des couvertures,
    "et maintenant, direction le parc."
    je lui ai demandé si elle devenait folle,
    les flics nous tomberaient dessus vite fait
    mais elle répétait : "mais non, ce sera
    agréable et romantique",
    et ainsi nous filâmes vers le parc
    où nous déchargeâmes tout notre barda
    pour aussitôt nous mettre ne position
    et il arriva ce qui devait arriver :
    les lumières tournantes
    d'une voiture de ronde
    elle me dit : "vite, repasse ton slip!
    j'ai déjà remis le mien!"
    je répondis : "impossible. il est tout emmêlé."
    et ils vinrent sur nous avec des torches
    électriques et ils nous demandèrent ce que
    nous fabriquions là et elle répondit :
    "on s'embrasse!" un des flics me lança
    un regard et fit : "je ne vous en blême pas."
    et après quelques échanges
    sans intérêt ils nous laissèrent seuls.
    mais elle ne voulait toujours pas aller
    se mettre dans un lit où une autre femme
    avait été,
    aussi nous finîmes la nuit dans
    un motel étouffant et triste
    nous embrassant et baisant,
    le tout dans la sueur
    mais toujours dans la correction, et dire
    qu'après toutes ces souffrances ...
    le lendemain après-midi
    on remit ça chez moi
    finalement.

    morale : les flics du parc n'étaient pas
    de mauvais flics.
    et c'est bien la première fois que je dis
    une telle chose
    à propos de flics
    et
    j'espère
    que ce sera bien
    la dernière.

    Charles Bukowski

     

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  • je sais qu'une certaine nuit
    dans une certaine chambre
    mes doigts
    caresseront
    bientôt
    une douce
    et claire
    chevelure

    il y aura des chansons comme aucune radio
    n'en a joué

    avec de la tristesse partout, et
    tout ça se mélangera.

    Charles Bukowski

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  • échapper à la veuve noir
    est à tous points de vue un miracle.
    elle file des toiles gigantesques
    et vous y attire en douceur
    elle vous y enlace
    et quand elle s'est satisfaite
    elle vous liquide
    car tout en continuant de vous embrasser
    elle vous suce le sang jusqu'à la moelle.

    j'ai échappé à ma veuve noire
    parce qu'elle avait trop de mâles
    dans sa toile
    et pendant qu'elle en embrassait un autre
    puis un autre et encore
    un autre
    je me suis frayé un chemin
    pour revenir
    là où j'étais avant.

    elle me regrettera -
    non par amour
    mais pour le goût de mon sang ;
    comme elle n'a pas sa pareille, elle
    trouvera bien un autre sang ;
    elle est si fabuleuse que j'ai presque
    regretté qu'elle ne m'ait pas tué
    presque mais pas tout à fait ;
    je lui ai échappé pour retomber dans d'autres
    toiles.

    Charles Bukowski

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  • toutes celles que je connais sont des traînées,
    d'anciennes putes, des folles dingues.
    or je vois des hommes avec de tranquilles,
    de gentilles petites femmes -
    je les vois dans les supermarchés,
    je les vois se promenant dans les rues,
    je les vois dans leur appartement : des gens
    en paix vivant ensemble. je sais que cette
    quiétude n'est que momentanée, n'empêche
    elle existe, et souvent ça peut durer
    des heures et des jours.

    toutes celles que je connais sont des droguées,
    des alcooliques, des trainées,
    d'anciennes putes, des folles dingues.

    quand une s'en va
    une autre arrive,
    pire que la précédente.

    je vois beaucoup d'hommes avec de
    tranquilles petites femmes bien sapées
    des femmes avec des visages qui ne sont
    ni féroces ni cruels.
    "n'amenez pas avec vous une traînée, dis-je
    à mes rares amis,
    sinon je tombe amoureux d'elle."

    "tu ne supporterais pas une femme honnête,
    Bukowski."
    j'ai besoin d'une femme honnête. j'ai besoin
    d'une femme honnête plus que je n'ai besoin
    de ma machine à écrire, plus que je n'ai besoin
    de Mozart ; j'ai besoin d'une femme honnête
    si fort que je peut la sentir flotter dans
    l'air, dans le bout de
    mes doigts, je peux
    voir les trottoirs construits
    spécialement pour qu'elle y pose ses pieds,
    je peux voir les oreillers pour sa tête,
    je peux savoir à quoi ressemblera son rire,
    je peux la voir caressant un chat,
    je peux la voir au lit,
    je peux la voir en pantoufles.

    je sais qu'elle existe
    mais où peut-elle bien être sur cette planète
    alors que les traînées me découvrent
    quand elles le veulent?

    Charles Bukowski

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  • ne déshabillez pas mon amour
    vous risquerez de trouver un mannequin ;
    ne déshabillez pas le mannequin
    vous risquerez de trouver
    mon amour.

    elle m'a oublié
    depuis belle lurette.

    elle est en train d'essayer un nouveau
    chapeau
    et paraît plus
    coquette
    que jamais.

    c'est une
    enfant
    et un mannequin
    et
    la mort.

    je ne peux pas haïr
    une telle chose.

    elle n'a rien
    fait
    d'inhabituel.

    or je voulais
    qu'elle le fasse

    Charles Bukowski

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