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    Los Angeles regorge de hors-la-norme, tous plus bizzaroïdes les uns que les autres, croyez-moi sur parole. Ils sont plus nombreux qu'on ne le pense ceux qui, nullement pressés de pointer au chagrin, ne seront jamais coincés sur les périphériques dès 7 heures du matin, ou ceux qui, dépourvus d'un emploi régulier, sont résolus à n'en chercher aucun. Entre imiter le commun des mortels et crever la bouche ouverte, ils sont choisi. Et devinez quoi.
    Qu'ils le soupçonnent ou non, ce sont tous des génies engagés dans une guerre d'usure contre les fausses évidences, des génies ne connaissant qu'un seul type de nage, celle qu'on pratique à contre-courant, des génies préférant à une vie bien bien rangée l'herbe, le whisky, l'art, le suicide. Et je fais corps avec eux.
    Nous ne sommes pas prêts à rejoindre le troupeau ou à jeter l'éponge.

    "Un carnet taché de vin" *

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  • Et tout bien pesé, est-ce que ça compte de savoir qui baise qui? C'est d'une telle banalité. Le cul, encore le cul, toujours le cul! Dès la rencontre du spermatozoïde et de l'ovule, nous sommes liés à celle qui nous héberge. Et sitôt le cordon ombilical coupé, nous ne cessons de vouloir nous enchaîner à des tas d'autres choses : images, sons, sexe, argent, illusions, mère, masturbation, crimes et gueules de bois du lundi matin.

    "Pulp"

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  • Et puis tu regardes la vieille peau : sans dents, sans yeux, sans cervelle, sans âme, sans cul, sans bouche, sans couleur, sans nerfs, sans rien, rien qu'un bâton, et tu te demandes ce que son thé, ses biscuits, son église et son petit pavillon ont fait pour ELLE. Et les vieux se mettent parfois dans une colère noire contre les jeunes : Bon sang, j'ai travaillé dur toute ma vie ! (Ils prennent le travail pour une vertu, mais ça prouve seulement qu'un type est taré).

    Journal d'un vieux dégueulasse (1982)
    Charles Bukowski *

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    Voilà tout ce dont on a besoin : l’espoir. C’était le manque d’espoir qui abattait les hommes. J’me rappelais ma vie à La Nouvelle-Orléans, bouffer de sucreries à cent balles pendant des semaines pour avoir le temps d’écrire. Mais crever la dalle, malheureusement, ne fait pas un artiste. Ça bloque plutôt. L’âme d’un homme s’enracine dans son estomac. On écrit bien mieux quand on a avalé un filet de bœuf grillé et bu une pinte de whisky qu’après avoir bouffé une saloperie à cent balles. Le mythe de l’artiste affamé est une mystification.


    "Factotum" *

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  • Sauf que j'avais besoin de vacances. Besoin de femmes, pas moins de cinq. Besoin de me curer les oreilles. Même ma voiture avait besoin d'une vidange. Et en plus, je n'avais pas été foutu de rédiger correctement ma putain de déclaration d'impôts. L'une des branches de mes lunettes pour y voir de près était cassée. Des fourmis avaient envahi mon appartement. Fallait encore que je me fasse détartrer les dents. Mes chaussures agonisent. J'avais des insomnies à répétition. Et mon assurance auto ne valait plus tripette. Sans compter que, chaque fois que je me rasais, je me coupais. En six ans, je n'avais pas franchement ri une seule fois. J'étais tout le temps angoissé, même quand je n'avais pas de raisons de l'être. De toute façon, quand j'avais matière à me ronger pour de bon les sangs, je ne faisais rien que de me soûler.


    "Pulp" *

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