• Dabit de la "Villa Oasis"

     

    Dabit de la "Villa Oasis" si peu remarquée.. Morand (quand il essaye pas de faire du roman, de l'émotion) me paraît être le modèle de tout vigoureux écrivain du genre. Et Mac Orlan! Il avait tout prévu, tout mis en musique, trente ans d'avance. J'aurais chez moi, si je pouvais, tous les "Dessins animés". C'est vous dire que je suis bignolle, pas délicat pour un rond... Je veux bien (voyez-vous ça) de tous les genres, aucun ne me semble inférieur, à condition que la matière soit organique et organisée, que le sang circule, partout, autour et dedans à partir du coeur, respire avec les poumons, tienne debout, en somme, que le truc tourne avec un point de catalyse bien vivant, le plus vivant possible, insupportable! au centre bien caché. bien scellé, au tréfonds de la viande, qu'on ne me trompe pas que cela palpite qu'on ne me vante pas tel pauvre cadavre en froufrous babillards... Tous ces tricheurs pourris, ces velléitaires genre "génie", ces inorganiques me font rendre. Je donnerais tous les Proust de la terre et d'une autre encore pour "Brigadier vous avez raison", pour deux chansons d'Aristide. Si l'on se met à délirer il faut vraiment avoir la fièvre... faut pas faire semblant!... J'aime encore mieux Claude Farrère que douze ou treize faux-monnayeurs. Pour mon petit personnel je dois beaucoup à Barbusse, à Daudet du "Rêve éveillé". Vlaminck me semble parmi les peintres celui qui se rapproche le plus de mon idéal avec Gen Paul et Mahé... Il ne faut pas imaginer que tous ces gens-là sont des potes ou le furent... Ce serait une erreur fatale! Peut-être sans doute qu'ils me détestent ou me détestaient de leur garce vivant. La plupart, je les ai jamais vus. Je tiens pas du tout à les voir, ni à leur plaire, au contraire, ce sont les coiffeurs de la vie, qui tiennent toujours beaucoup à plaire, les putains. Plus on est haï, je trouve, plus on est tranquille... Ça simplifie beaucoup les choses, c'est plus la peine d'être poli, je ne tiens pas du tout à être aimé... Je n'ai pas besoin de "tendresse"... C'est toujours les pires saloperies de l'existence que j'ai entendu soupirer après les "tendraîsses"... C'est ainsi qu'ils se rassurent. C'est comme l'honnêteté, la probité, la vertu... Quels sont les murs au monde qui entendent le plus parler de ces choses-là?... Ce sont les murs d'un cabinet de Juge d'instruction... Quelles sont les arènes où l'on vocifère maximum au nom de toutes les  Libertés? de la France aux Français? de l'abolition des injustices et des privilèges?... Dans les arènes du Communisme pleines à craquer de Juifs délirants de racisme et de voracité. C'est pesé! Chers fauves, arrivez donc me déchirer tous ces veaux!... Revenons à nos gais moutons... Je digresse comme une vieille chaisière. Question de "littérature" je ne me donne donc pas pour modèle, nenni! On m'a énormément copié, certes, sans rien dire! rien divulguer, c'était fatal... Ici et là, un peu partout et dans bien d'autres pays... Ceux qui me copient m'abominent forcément, m'éreintent dès qu'ils peuvent, plus que tous les autres à la fois. Je suis le papa de bien des petits enfants, à maigres couillettes, qui font à mes frais les petits farauds, les petits inspirés, les petits fiévreux prophètes, d'une petite "sauterie" dans une autre à droite, au centre et surtout à gauche. Je ne veux pas les déranger, je suis discret par nature, les papas savent bien qu'il faut s'effacer, que c'est le plaisir des enfants de faire leurs petits crâneurs... Je veux pas les déranger, m'amener en trouble-fête... J'ai même pour eux, je l'avoue, une petite tendresse bien compréhensible... Je voudrais pouvoir leur passer un petit peu de glycéro-phosphate, qu'ils se renforcent un peu les os... une armature plus solide... En général, ils sont mous, ils puent le lycée, le babillage, la branlette, le c_ur leur manque. Ils me font de là peine à regarder... Pour un peu je les renierais. C'est malheureux, en fait, en somme, qu'ils aient pas plutôt continué à écrire poli "goncourtien"... Ça vient tout seul chez les mufles, ce genre goncourtien. Tous les gens polis sont des mufles. Pas plus poli qu'un bourreau... Quand on a pris le temps d'étudier si bien l'adjectif convenable, au moment qu'il monte à la plume, c'est qu'on est sec comme un coup de trique. Croyez-moi j'ai fait souvent l'expérience. Notre belle littérature néo-classique, goncourtienne et proustophile n'est qu'un immense parterre de mufleries desséchées, une dune infinie d'osselets frétillants. Pour bien réussir dans le franc grossier, l'émotion directe, il ne suffit pas, ce serait trop facile, d'invoquer la merde chaque fois qu'on se trouve à court. Tels romantiques et classiques dès qu'ils se sentaient bafouilleux, fourvoyés un petit peu en traître terrain, prenaient à rescousse Dieu le père! l'imposaient aussitôt. Ficelles! silence! et vénération! Pour bien donner au "vulgaire" il est tout à fait impérieux que tout d'instinct vous en retienne, que tout vous éloigne... et c'est le paradoxe, des vautreries ordurières... des abandons lâches du commun... de la matière morte en  somme... de tout le rebut en un mot... Que tout vous rappelle au contraire despotiquement à la vie, au fluide, à la danse.
    La grossièreté n'est supportable qu'en langage parlé, vivant, et rien n'est plus difficile que de diriger, dominer, transposer la langue parlée, le langage émotif, le seul sincère, le langage usuel, en langue écrite, de le fixer sans le tuer.. Essayez... Vbici la terrible "technique" où la plupart des écrivains s'effondrent, mille fois plus ardue que l'écriture dite "artiste" ou "dépouillée", "standard" moulée, maniérée, que l'on apprend branleux en grammaire de l'école. Rictus, que l'on cite toujours, n'y réussissait pas toujours, loin de là! Force lui était de recourir aux élisions, abréviations, apostrophes Tricheries! Le maître du genre, c'est Villon, sans conteste. Montaigne, plein de prétentions à cet égard, écrit tout juste à l'opposé, en juif, semeur d'arabesques, presque du "France" avant la lettre, du Pré-Proust...
     Dès qu'on se sent un peu "commun" dans la fibre et l'intimité, le mieux, de beaucoup, sans conteste, c'est de se vouer aux bonnes manières, de faire carrière en "dépouillerie " en élégante concision, sobriété délicate, finement tremblotante, colettisme. Tous les "parfaits styles" dès lors vous appartiennent avec plus ou moins de petit doigt, lon-laire I

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