• Il vivaient sans espoir

    Toute la famille considérait la vie sous le même angle, sardonique et insouciant. Elle vivait au jour le jour d'une vie pleine d'indifférence têtue, insouciante du passé comme du présent et aussi du futur. L'argent même ne l'intéressait pas, à peine gagné il était dépensé sur l'heure et oublié immédiatement.
    Ils vivaient sans espoir et sans but, d'une existence absolument "terre à terre", dans leur pays sombre et volcanique. Ce n'étaient point des animaux, parce qu’il n'est pas donné aux humains d'être des animaux. Quand l'homme essaye brusquement de retourner en arrière jusqu'au premier stade de l'évolution, il le fait avec un esprit de cruauté et de méchanceté.
    C'est pourquoi on lisait dans les yeux noirs de cette famille une sorte de peur méchante, d'étonnement et de souffrance, cette détresse des humains impuissants à développer les possibilités de leur être ... incapables d'arracher leur âme du chaos et insensibles à toute autre victoire...cette famille avait quelque chose de poignant mais aussi de répugnant.
    Ils vivaient dans la saleté sordide, indifférents à l'ambiance. La terre était leur dépotoir universel. Tout objet superflu était jeté sur le sol et personne ne s'en souciait plus. On aurait presque dit qu'ils aimaient vivre dans un taudis de puces, de vieux chiffons, de peaux de bananes et de noyaux. Voilà un morceau arraché à une robe! terre voici pour toi. Voilà les démêlures de mon peigne! encore pour toi, terre!

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