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    La tradition est un choix, un murmure des temps anciens et du futur. Elle me dit qui je suis. Elle me dit que je suis de quelque part. Je suis du pays de l’arbre et de la forêt, du chêne et du sanglier, de la vigne et des toits pentus, des chansons de geste et des contes de fées, du solstice d’hiver et de la Saint-Jean d’été, des enfants blonds et des regards clairs, de l’action opiniâtre et des rêves fous, des conquêtes et de la sagesse. Je suis du pays où l’on fait ce que l’on doit parce qu’on se doit d’abord à soi-même. *

    "Le Coeur rebelle"   Dominique Venner

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    Il y a des musiques qui obsèdent au point d'empêcher de dormir et même de vivre. Le cerveau les reprogramme en boucle, à l'exclusion de n'importe qu'elle autre forme de pensée. Au début, cette dépossession de soi au profit d'une mélodie est une jouissance. On s'exalte de ne plus être qu'une partition et d'avoir échapper ainsi à des ruminations pénibles. La force physique et l'ardeur au travail s'en accroissent.
    Peu à peu, les méninges commencent cependant à souffrir. Chaque note de la gamme a son siège dans la matière grise et, comme ce sont toujours les mêmes qui sont sollicitées, une ligne de crampe se dessine dans la tête. Le parcours de la musique devient le chemin de croix de l'influx mental. C'est d'autant plus bizarre que cela ne produit aucun décibel: il s'agit seulement de l'idée du son. Elle suffit à assourdir et à crisper jusqu'à la folie.
    Difficile de se libérer de ce que l'on a pris pour une libération.
     
    "Journal d'Hirondelle"  Amélie Nothomb *

     

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    Le cadavre social est naturellement plus récalcitrant, moins facile à enterrer que le cadavre humain. Le cadavre humain va pourrir seul au ventre  du cercueil, image régressive de la gestation; le cadavre social continue à marcher sans qu'on s'aperçoive qu'il est cadavre, jusqu'au jour où le plus léger heurt brise cette survivance factice et montre de la cendre au lieu de sang. L'union des hommes crée le mensonge et l'entretient; une société peut cacher longtemps ses lésions mortelles, masquer son agonie , faire croire qu'elle est vivante, alors qu'elle est morte déjà, qu'il ne reste plus qu'à l'inhumer ...

    "La grande Peur des bien-pensants" Bernanos *

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    C'est un point qu'il serait difficile de définir. A l'institution nouvelle du "prolétariat" la Bourgeoisie a annexé le "conciergérat" que nos pères ne connaissaient pas non plus.
    L'idéal d'une maison bien tenue, dans le conciergérat, est une maison où l'on peut commettre toutes les turpitudes, se livrer à toutes les débauches, mais dans laquelle on ne fait pas de bruit, où les escaliers sont bien cirés, la moquette régulièrement brossée et les boules de cuivre vigoureusement astiquées, et où l'on obéit ponctuellement à l'écriteau : Essuyez vos pieds, s'il vous plait.

    "La grande peur des bien-pensants" Bernanos

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  • Femme:
    Attention

    "Et Dieu me fit femme, avec de longs cheveux, les yeux, le nez et la bouche de femme, avec des rondeurs et des plis et de doux creux; de l’intérieur il me creusa et fit de moi l’atelier des êtres humains.

    Il tissa délicatement mes nerfs et équilibra avec attention le nombre de mes hormones. Il composa mon sang et me l’injecta pour qu’il irrigue tout mon corps; ainsi naquirent les idées, les rêves, l’instant.

    Tout ce qu’il créa doucement à grands coups de souffle et de forages d’amour, les milles et une choses qui me font femme tous les jours pour lesquelles je me lève fière tous les matins et je bénis mon sexe."

    Gioconda Belli *

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