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"Les yeux du boeuf"
Depuis, j’ai appris bien d’autres choses. Les employés et les domestiques ont parlé ; les amis et connaissances m’ont plaint beaucoup. On s’intéresse tant aux orphelins !… Et, ce qu’on ne m’a pas dit, je l’ai deviné. « Les yeux du bœuf, disent les paysans, lui montrent l’homme dix fois plus grand qu’il n’est ; sans quoi le bœuf n’obéirait point. » Eh ! bien, l’enfant, l’enfant qui souffre, a ces yeux-là. Des yeux qui grossissent les gens qu’il déteste ; qui, en outrant ce qu’il connaît d’exécrable en eux, lui font apercevoir confusément, mais sûrement, les ignominies qu’il en ignore ; des yeux qui ne distinguent pas les détails, sans doute, mais qui lui représentent l’être abhorré dans toute la truculence de son infamie et l’amplitude de sa méchanceté — qui le lui rendent physiquement répulsif. — Les premières aversions d’enfant seraient moins fortes, sans cela, ces aversions douloureuses qui font courir dans l’être des frémissements barbares ; et des souvenirs qu’elles laissent lorsqu’elles se sont éloignées et transformées en rancunes, ne germeraient point des haines d’homme.
Georges Darien
« KEEP IT IN YOUR PANTS Official Music Video (The Boner Song) w Taryn Southern One Day on Earth¨ (Part 1 of 4) »
Tags : yeux, boeuf, qu’il, sans, bien
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Commentaires
Pourtant, l'enfant est si innocent, si pur, qu'une prémonition de l'horreur ne le protège pas de l'indicible. Ainsi l'enfant devient-il adulte lui-même ...
Quel texte!!!!! si vrai et j'aime notamment les animaux car jamais dans leurs yeux de haine, de fourberie..... bises
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La réalité peut être traumatique, elle peut briser l'innocence pour toujours , hélas