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Lettre à Lucette Destouches (1)
Mercredi 9 janvier 1946
Ma Lucette chérie.
Tu me fais grand peur pour ta santé. Je sais bien que notre condition est atroce mais ce sera bien pire si tu tombais malade, fais un peu d'exercice au contraire pour garder ta forme et ton métier dont nous aurons peut-être grand besoin un jour. Je suis toujours avec toi. On me soigne bien mais on ne peut pas grand-chose pour de si vieilles invalidités qui remontent à 30 ans ! Bien sûr nos épreuves en Allemagne ne m'ont pas arrangé et ce dernier choc5 a été atroce bien sûr. Je souffre bien du bras de la tête et de l'oreille, on me bourre de médicaments. On ne peut faire plus mais tu sais je suis bien patient. Je vis dans l'espoir de revenir avec toi et tu me soigneras. Ne m'apporte rien du tout je n'ai besoin de rien j'ai trop à manger pour moi. Je ne demande que le repos et le silence et ne pas bouger ma tête et attendre ta visite6. Mais ne te déprime pas surtout. Il est dur d'avoir un monde entier de haine contre soi – moi qui n'ai jamais fait de mal à une mouche cela paraît comme un effrayant cauchemar qui ne vous concerne pas et pourtant... Embrasse bien nos amis pour moi et Bébert7. N'apporte pas de livres je ne lis rien j'ai trop mal à la tête pour le moment et trop de bourdonnements. Je ne manque de rien et je suis toujours avec toi comme je t'aime mais mange bien et dors un peu.Destouches
Tags : bien, rien, destouches, tete, lucette
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