• Livre I - II Stacatto

     

    L’autre fois, je rencontrai, déambulant par hasard sur les Champs-Élysées sous la pluie, Sylvie, une fan inspectrice des impôts à Beaune… Elle allait revoir le tombeau de Napoléon aux Invalides… Je l’accompagnai… On dira après que je ne suis pas « gentil » avec mes fans ! C’est comme les Juifs, « ça dépend lesquels »…

       Accoudé avec Sylvie au balcon colossal de la crypte en rotonde du tombeau de Napo, je rêvassais à ma « carrière »… Finalement, elle aura été émaillée d’émissions de télé comme celle de l’Empereur de batailles. Elles sont toutes inscrites au sol en cercle autour de son gros gâteau noir de mort… Wagram, Austerlitz, Eylau, etc.

       — Moi, si on me foutait là, dis-je à Sylvie, il n’y aurait pas à changer l’initiale « N »… Il y aurait juste à graver tout autour mes batailles à moi : DROIT DE RÉPONSE — APOSTROPHES — TAPAGE — RIPOSTES — TOUT LE MONDE EN PARLE — CE SOIR (OU JAMAIS !) — ON A TOUT ESSAYÉ…

       Toutes gagnées ! Ou perdues, selon les avis… Et toujours seul face au « Système », aux « sionistes ». Je ne reviens pas sur l’Apostrophes de 1985 où, à vingt-six ans, je m’étais précipité, tête la première, dans le Mur des lamentateurs avec mon Régal des vermines, devant cinq millions de téléspectateurs !…

       Juste après Tapage, j’avais été invité, toujours en 99, par le stalinien masochiste Antoine Spire à France Culture, en direct, dans son émission Staccato, pour un interrogatoire typique « antisémite mis sur le grill par un Juif fasciné ». Combien de Juifs m’aura-t-on fait affronter dans les médias ? Exactement comme un chrétien qu’on aurait jeté régulièrement dans une fosse aux lions et qui s’en serait toujours sorti… Un peu avant, j’avais eu droit à Daniel Cohn-Bendit, dans un match organisé par Thierry Ardisson et Catherine Barma, sauf qu’ils ignoraient tous les deux que depuis notre rencontre en 85 chez notre éditeur commun Bernard Barrault, Dany et moi nous entendions comme deux larrons fouteurs de merde en foire ! Barma était descendue sur le plateau, consternée, pour me dire :

       — Mais vous êtes censés vous friter !

       Pas du tout ! Pour Cohn-Bendit, j’étais un vrai anar, plus que lui ! Il n’avait pas eu envie de me faire cuire sur son grill… Quant à Spire, il n’y parvint pas : c’est lui qui, perdant les commandes du barbecue, se retrouva comme une grosse côtelette de porc carbonisée !

       Après une heure de ping-sado-pong-maso sur le fascisme de mon langage et le langage de mon fascisme, comme le coco sioniste avait du mal à cacher sa répulsion admirative, celui-ci chargea un « goy zélé » (comme disait Patrick Besson) de me salir à sa place…
    Guy Scarpetta, vieille loque stalinienne du Monde diplomatique, était alors venu, une fois ma séquence passée, expliciter un article d’Art Press où il me considérait, avec Philippe Muray, comme un réac dangereux… À cette époque, les chefs de file de la « subversion » anti-gauche, les rebelles « de droite » au Système, c’était moi et Philippe Muray…

       Scarpetta dénonçait dans Les Nouveaux réactionnaires nos discours « fascistoïdes ». Il nous adjoignait Alain de Benoist et même le pauvre Dominique Noguez, plus « habile » (sic) à se dissimuler, d’après cet imbécile. Mais celui que Scarpetta détachait toujours des autres, c’était bibi, bibi nazi bien sûr…

       À France Culture, donc, le couard connard prolongea son article d’Art Press, dans lequel il s’était lâché : « Nabe, dont l’antisémitisme est public… » Cet ignoble rot avait d’ailleurs fait bondir Philippe Sollers, qui lui répondrait par cette cinglante saillie :

       — Si l’antisémitisme de Nabe est public, je peux témoigner qu’il n’est pas privé !

       Une défense en forme de balle entre les deux yeux du Scarpetta. Car témoigner que je n’avais jamais fait preuve d’antisémitisme privé revenait à dire que mon « antisémitisme » public était déjà un vrai cas d’école (des cadavres ?)…

       La mise au point de Sollers rendait caduques les accusations d’antisémitisme classique portées contre quelqu’un qui ne faisait pas de son hostilité envers « les Juifs » (au sens où l’entendait saint Jean) une conversation secrète de beauf aigri planqué dans un bistrot sombre, mais un combat métaphysique, lyrique, mystique, comique, politique, poétique, en plein air, à ciel ouvert, pour tout dire courageux et solaire… Et surtout efficace !

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