Une lueur d’espoir avait bien clarifié les choses : je n’appartenais décidément pas à cette droite Figaro-Valeurs actuelles ! J’étais irrécupérable par les jeunes bourges ex-pro-serbes anti-musulmans cathos étriqués qui bandaient pour Jean Dutourd plutôt que pour Thelonious Monk.
Ah, je me suis fait de nouveaux ennemis avec ma Lueur (et son succès) ! Pas seulement tous les pro-américains (normal) qui avaient vu dans mon livre une offense aux morts du WTC, mais aussi toute une frange de jeunes fascistes « littéraires » qui, eux, y voyaient une concession au consensus… Soi-disant, je disais « comme les gauchos ». Ah bon ? En 2001, je n’avais pas vu beaucoup de gauchistes faire l’apologie de Ben Laden et de Mohammed Atta. D’après ces absurdes, j’étais passé en traître (déjà !) de l’extrême droite (où on m’avait cru positionné) à l’extrême gauche, je me vautrais dans un altermondialisme humaniste ! Comme si comprendre le 11-Septembre du point de vue des terroristes était « humaniste » au contresens où l’entendaient ces nietzschéens de pacotille ! C’est eux qui se vautraient dans le racisme anti-arabe le plus franchouillard…
Tant que j’attaquais les socialos, les médias, les antiracistes, et surtout « les Juifs », ça grossissait dans leur slip bleu blanc rouge, mais quand, logiquement je me mis à défendre les Arabes en lutte contre l’Occident, il n’y eut plus personne dans les pantalons ! Je perdis là une partie de mon « public » de révoltés contre le Système qui ne l’étaient pas tant que ça… Je le répète : attaquer les Juifs, oui ; mais défendre les Arabes, non !
En vérité, il fallait attaquer l’Occident, mais pas trop, et pas au point de lui faire mal et honte ! En me tournant le dos, mes ex-fans droitiers du Régal hostiles à Une lueur d’espoir se trahissaient dans leur occidentalisme protectionniste. Malgré tout, et contrairement à moi, ils préféraient essayer de sauver les derniers meubles de leur Nation, de leur Histoire, de leur Culture (toutes en morceaux) plutôt que d’applaudir à tout ce qui pouvait punir (islamiquement ou pas) cet Occident coupable en raison de son comportement criminel envers les autres et surtout envers lui-même.
Je me suis donc retrouvé face à des pétainistes de vingt-cinq ans qui ne me reconnaissaient plus comme « fasciste » ! Et ces lâches, qui avaient utilisé mes excès de rage pour exprimer à travers moi un peu de leur haine raisonnable, se sentaient soudain dépassés. Pauvres paumés en carton ! Ils péchaient par manque d’imagination : quelqu’un qui défendait les Arabes et qui comprenait leurs révoltes ne pouvait être, en gros, qu’un soixante-huitard ! Un comble pour moi qui avais été l’un des premiers (1985) à refuser et à détruire l’héritage intellectuel et politique de Mai 68. Ces mauvais élèves donneurs de leçons me voyaient soudain virer gauchard gnangnan à cause de ma comparaison Che Guevara/Ben Laden. Et en bons « contre-révolutionnaires », ils les vomissaient tous deux. C’est toujours le révolutionnaire qui est la première cible de ceux qui prétendent faire bouger les choses.