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Tout bon prolétaire anglais
Tout bon prolétaire anglais se trouve joliment heureux, "in petto", solidaire à fond des Lords sur ce point, que 300 millions d'Hindous en loques et d'autres exploités frimards, lui font bien plaisir, demi-animaux, demi-humains, épars au fond de l'univers, fellahcieux, Incas à plumes, coolies, benibouffes, anthropogans, cafres rouges, orthocudes, Karcolombèmes, tout à fait d'avis que tous ces misérables la sautent, là-bas, la fument, la tortillent, la faminent, se cassent le cul tous pour lui... Farfouillent les mines, taillent les rizières, râtissent les pampas, pour lui envoyer son confort... Sur ça, il est impitoyable !... Egoïste, "Briton d'abord" ! Il se trouve pas du tout "frère de peine...". Il a pas envie de partager ni avec moi, ni avec lui... ni avec vous... Avec les "britons" seulement et ses maîtres juifs. Il trouve que la conquête des faibles représente bien des avantages... C'est l'hypocrisie puritaine, vous la connaissez pas encore, elle est reprise par les Syndicats et puis alors en "surbrasé"... Si vous voulez vous amuser, allez donc tenter l'expérience, vous présenter un petit peu, aux "Alien offices" (du latin alienus: fou) en n'importe quel port de la côte... Douvres, Folkestone ou ailleurs... Allez donc vous renseigner si vous pouvez pas débarquer... vous chercher à Londres un petit boulot... quelque chose un peu dans vos cordes... Si vous avez jamais valsé de votre pénible existence, vous allez apprendre en moins de deux... Vous serez soufflé, volatilisé dans les atmosphères tellement vous provoquerez, violente, leur indignation... Kif ! pour l'Amérique, la Suède, la Hollande, les ports argentins, Cuba, Canada... Honduras... etc... Partout où on peut se démerder, dans tous les coins ou c'est mangeable... on vous attend pas...
Si vous voulez du pétrole, du coton, du cuivre, prolétaire d'ici, mon ami, il faut d'abord, éclairer, engraisser, un petit peu et sérieusement les copains, les prolos d'en face... de l'autre côté de la frontière, les boniments humanitaires, à ce moment-là, ne suffisent plus !... Il faut d'abord payer la dîme à ton frère de classe, mieux partagé que ta pomme par la naissance, le sol, la chance... Il est né là-bas, sur un puits de pétrole, ça compte... Et comment ! Et tant mieux pour lui ! II ne te fera jamais cadeau d'une bribe du gâteau qu'il croque... Il attend ta dîme... joyeusement ! Tu peux crever le long de son bord, il est tout à fait insensible sur la question du partage, comme un Juif, comme un patron... Il devient chauvin inflexible à partir de ce moment-là... "Confort" n'a pas d'oreilles à travers le monde... Tes salades tu peux les garder !... Le partage absolu de tous les biens de la terre, c'est un orchestre pour les Congrès. un orphéon populaire !... Ça va pas plus loin que la musique, comme le bel hymne à Degeyter... C'est tout... Dans la pratique, les frères de classe, une fois qu'ils ont franchi leur douane, qu'ils sont rentrés des parlotes, qu'ils ont séché la salive, deviennent parfaitement patriotes, pour t'empêcher d'être emmerdant, ils se trouveront parfaitement solidaires de leur police, de leurs patrons, pour que tu restes crever dehors. Même qu' ils ont de la came en rab, à ne plus savoir où la fourguer, ils préfèrent qu'on la bouzille
plutôt que de t'en faire cad_eau... ça leur ferait mal... Textuel... Ça ferait baisser tous leurs prix, leur train de vie, leur dîme sur ta pomme, et leur salle de bains. Dés lors, plus d'amis, plus de phrases ! plus de fraternité galérienne ! Chien va coucher !... Ils veulent pas de ça, nom de Dieu ! Tout mais pas ça !... Effroyablement patriotes dès qu'on veut reprendre leur salle de bain... Bas les pattes ...Arrière ! Hors d'ici ! sales calamités ! crassouillants, morpionneux, faisandés !... Voilà comment qu'ils vous reçoivent ! Vous êtes renseignés... Immensément partageux ! humanitaires certes à perte de vue, redresseurs de torts infinis, tant que ça coûte pas un petit croc, pas un plus petit ressort de confort, de sommier, de la super-radio... ou alors... Rien ! ils se foutent en transe, en tétanos... Y a pas de quoi se frapper, vociférer au scandale, c'est humain, c'est bien naturel ! Seulement il faut bien se prévenir qu'on est pays "tributaire" et c'est le cas du nôtre, exactement, pour les denrées essentielles, pour les matières indispensables à la vie de tous les jours, que si l'on se met à fonctionner, au petit bonheur, à crédit, à la providence des oiseaux, alors c'est la fin des amours ! On peut s'attendre à un réveil, qui n'est pas dans une musette quand on se laisse prendre par l'absurde, qu'on outrepasse les moyens qu'on se met à flamber les réserves... qu'on pète plus haut qu'on a l'oignon... La fatalité vous attend... et elle est pas du tout marrante... Ça peut devenir bien étrange... Encore pire qu'on a jamais vu... se retrouver un beau matin avec ses boulets si lourds, tellement pesants après les pompes qu'on est esclave de tous les autres, décidément une fois pour toutes... de tous les Anglais de la terre, des Brésiliens, des cow-boys, de tous... et encore en plus des Juifs... Ça devient le bagne infernal, ça vous fait un poids énorme... on dégringole automatiquement au rang des botocudos, circonfits, yatagans, zouzous, cafres, tous les flagellés, des "Colonial Governments". Toute la pouillerie des sousesclaves qui laissent leurs os un peu partout, dans les déserts, les plaines, les glaces, pour que les gentlemen là-haut, bourgeois aussi bien qu'ouvriers pâtissent pas trop des temps si durs, que leur saison du cricket débute quand même à son heure, que la crise fasse pas trop
souffrir les magnifiques chiens anglais, que tous les petits chats boivent leur lait, que la saison du football amène pas aux gentlemen trop de grippes et de catarrhes, que la pluie trouve à qui causer... des étoffes de premier ordre, des whisky à deux cents francs le litre, des dignités impériales. J'étais en train de vous entretenir de certaines choses professionnelles à propos de la crise du livre... et puis je me suis interrompu... Je vais reprendre un petit peu... Ça vous délassera. Le "Livre" ce n'est pas très sérieux... C'est un sujet bien accessoire... un divertissement je l'espère... Tout le monde parle de "littérature". Je peux bien aussi, à mon tour donner ma petite opinion...
Tags : bien, petit, anglais, partage, proletaire
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