• TOUT DOIT DISPARAÎTRE (4) 1/4

     

    Moi je veux supprimer tout l’éventail ! Pourrir toutes les causes ! De la gauche à la droite. Abolir les syndicats, les trusts, les derniers vestiges de l’Église, l’armée et les écoles. Plus d’ouvriers, plus d’étudiants, plus de pistons et d’assistance ! Renaissance ! Renaissance intégrale et suprématie sans bornes à Y Art et aux vrais artistes. Sélection impérative, raciale et impitoyable des véritables créateurs ! Solutions finales pour les escrocs, tous les imposteurs et les magouilleurs de tout poil dans tous les secteurs.
     La société idéale serait une société qui vivrait sur l’absurdité de toutes les politiques, une surcharge d’idéologies tourbillonnantes dans laquelle l’homme social serait broyé. Je ne suis pas pour une révolution qui instaurerait une république mais pour le contraire : une révolution permanente, un état de bousculade incessant où à tout instant serait promulgué mon seul édit : « La-Déclaration-des-Aucun-Droit-et-Aucun-Devoir-de-l’Homme. »
     Ce que je veux, c’est L’ANARCHIE OBLIGATOIRE : tout ce qui sort du désordre serait sévèrement puni ! Étonnez-vous après ça qu’on me trouve raciste et fasciste !
     Fasciste et pourquoi pas ? Anarcho-fasciste. C’est dans le drapeau noir que se taillent les plus belles chemises. Je crois bien avoir trouvé la jointure de l’anarchie et du fascisme. Pour un anarchiste, seul enseignement : le fascisme. Moi il y a longtemps que je ne lis plus que de la littérature la plus fasciste possible… Ils ont tous peur de se demander pourquoi systématiquement, les plus grands écrivains viennent de l’extrême-droite absolue. Ça les effraie d’y deviner une causalité sulfureuse !
     Pauvres cons ! Restez bien dans vos préjugés de gauchistes de merde !…
     Et l’extrême-droite est encore démocratique. Le fascisme est beaucoup plus loin, hors de l’hémicycle. La gauche est maintenant au centre de la droite. Tout a dévié. Après l’extrême-gauche, il y a l’anarchie. Après l’extrême-droite, il y a le fascisme. Les plus forts sont ceux qui trempent en même temps leur plume dans les deux encres.
     C’est vrai que j’ai du fascisme dans mon comportement, mais pas plus qu’un autre. Je ne le terre pas, c’est tout. Il y a toujours de tout chez tous. Tout le monde est méchant, tout le monde est bête, tout le monde est intelligent, tout le monde est généreux, égoïste : c’est l’histoire des paramètres. Moi je n’attends pas de voir réapparaître un certain national-socialisme en France pour prendre conscience du fascisme intrinsèque de tout individu. D’abord parce que je pourrais attendre longtemps ; ensuite parce que je me priverais de la lecture de grands textes qui, sous la caricature un peu démodée de la politique, laissent entrevoir des richesses métaphysiques et éthiques d’une grande valeur littéraire. C’est facile de négliger les paramètres caractériels du fascisme. Tout le monde a peur de mélanger les caractères avec les idéaux politiques. Se faire traiter de nazi parce qu’on donne une claque à son gosse, c’est un abus de langage, d’accord. Heureusement que le monde est plus subtil que le langage ! Il doit y avoir autant de pères démocrates qui foutent des paires de claques à leurs enfants que de fascistes. À la limite, je peux même très bien imaginer un fasciste qui embrasse ses enfants pendant qu’un père d’extrême-gauche lui fout une rouste monstre… Je voudrais sublimer, décortiquer, faire résonner le mot « fasciste » tel que le lieu commun l’a transformé en adjectif bouffon, déplaisant, arbitraire stupide et ridicule. Léon Bloy savait quelle religion il y a à creuser des puits dans l’inconscient des clichés. *
    Je suis persuadé que le fascisme est un état d’esprit profondément ancré chez l’homme et que seuls les plus honnêtes mettent sur la table. Le fascisme n’est pas groupusculaire mais individuel. Certaines autruches méprisables nient ce sentiment foncier. Humainement, il est pourtant bien réel, il a l’actualité brûlante d’un instinct biologique. Le fascisme appartient à la psychanalyse, c’est une sensation, un frisson des nerfs. Il y a deux névroses autour desquelles je ne cesserai de faire tourner mes tendancieuses incantations, c’est le catholicisme et le fascisme : les deux pôles de l’émotion humaine qu’on se refuse à appeler par leurs noms, leur préférant avec plus de prudence la « Superstition » et l’« Autorité ».
     Drieu la Rochelle sort en 1934 son Socialisme Fasciste. Un autre connard aurait pu écrire un « Communisme fasciste », un « monarchisme fasciste », un « occultisme fasciste » ou un « surréalisme fasciste »… C’est bien dans la trogne et ça le restera. Le communisme, le marxisme, le nazisme, le pétainisme, le maoïsme… Tout cela ne me passionne pas : ça reste de pauvres idées, des opéras bien huilés, échouant… Qui va faire du communisme, persister ? Après tout ce qui s’est passé ? Pareil pour l’hitlérisme : rien à craindre. Les utopies ont coûté assez cher. Le nazisme est une politique typiquement allemande qui inclut l’antisémitisme. La France n’a jamais été nazie. La France est fasciste. Il se trouve que notre pays a exprimé magistralement cette pulsion humaine, un peu comme le sadisme qui existait avant le Marquis mais que le marquis fixa nominalement et littérairement.
     En littérature je préconise un fanatisme, un nazisme, un fascisme absolu et excessif ! Toute Littérature est de droite. Toute poésie est foncièrement fasciste. Si dans la rue, la civilisation nous pousse à pratiquer une politique de gauche, dans la créativité, il n’est d’autre solution que d’être d’extrême-extrême-droite. De gauche dans le quotidien et de droite sur le papier. Un créateur ne peut travailler dans la justice. L’Égalité, la Liberté, la Fraternité, il connaît pas. J’estime que tout artiste est fasciste. C’est trop facile à démontrer. C’est l’exigence intime. Le fascisme est la seule issue pour un artiste.
     C’est un humanisme mal digéré qui fait que les gens se croient plus à gauche qu’ils ne le sont réellement. Viscéralement, tout le monde est à droite. L’instinct est de droite. C’est le cœur qui est à gauche. Mais ce ne sont ni mes antécédents ni vraiment ma personnalité qui me font passer pour un fasciste, ce sont mes lectures ! Alors là, on n’a pas fini de m’accuser ! J’irai jusqu’à dire qu’un grand écrivain socio-communiste, ça n’existe pas. Mes admirations plongent plutôt dans les anarchistes (puisque tout écrivain qui se respecte a poussé sur un fumier plus ou moins haut d’anarchie) dont le fascisme est le plus explicite. Encore faudrait-il me prouver qu’il s’agit bien là d’hommes de droite !
     Si Céline est de droite, alors oui tous les génies littéraires sont de droite. Je prends n’importe qui au poteau ! Qui à gauche alors ? Aragon ? Breton ? Éluard ? Laissez-moi chier ! À « droite », on tape n’importe où, la littérature gicle à grand pus : Bloy, Morand, Pound, Roussel, Nimier, Proust, Drumont, Daudet, Barbey… C’est ça votre charrette ? C’est la Terreur de la Convention !
     Je ne suis pas le genre de type à me priver de lire Barbey d’Aurevilly parce qu’il était monarchiste ! Au contraire ! Sa foi et ses lys ne sont peut-être pas si étrangers au génie de sa rhétorique. Faut-il être coincé pour se détourner aujourd’hui des vieilleries sublimes de cet Inquisiteur divin ! C’est pas demain qu’on sortira un romancier de son écorce !… Barbey le satanique chrétien, Barbey gentilhomme de la France Profonde, tantouze hétérosexuelle, narines frémissantes, parfums, bricolos, cachets de la mairie des dessous cachés d’une partie du Kitsch !… Barbey Jules d’Aurevilly ! L’Allégorie des Réactionnaires ! Plus royaliste que le Roy ! *

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