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5. MENTALITÉS PAÏENNE ET CHRÉTIENNE
Deux formes d’âme luttent pour la domination mondiale : le paganisme et le christianisme.
Chacune de ces formes d’âme n’a des relations que très superficielles avec les confessions qui portent ces noms. Si le point clé est déplacé du dogmatique vers l’éthique, du mythologique vers le psychologique, alors le bouddhisme se transforme en ultra-christianisme, tandis que l’américanisme apparaît comme un paganisme moderne. L'Orient est l’émissaire principal de la mentalité chrétienne, l'
Occident celui de la mentalité païenne : les Chinois « païens »sont de meilleurs chrétiens que les Germains « chrétiens ».Au sommet de l’échelle des valeurs éthiques, le paganisme place la force d’agir,
le christianisme l’amour.
L’idéal chrétien est le saint aimant, l’idéal païen le héros victorieux. Le christianisme veut métamorphoser l'homo férus en homo domesticus, l’humain prédateur en humain domestique —
tandis que le paganisme veut recréer l’humain en surhumain.
Le christianisme veut apprivoiser les tigres en chats — le paganisme veut élever les chats aux tigres.Le principal porte-parole du christianisme moderne fut Tolstoï ; le principal porte-parole du paganisme moderne Nietzsche.La religion germanique des Eddas était du pur paganisme. Elle a survécu sous le masque chrétien : au Moyen Age en tant que vision du monde chevaleresque, dans les temps modernes en tant que vision du monde impérialiste et militariste. L’officier, le junker, le colonisateur, le capitaine d’industrie sont les représentants principaux du paganisme moderne. La force d’agir, la bravoure, la grandeur, la liberté, la puissance, la gloire et l’honneur : ce sont les idéaux du paganisme ; tandis que l’amour, la clémence, l’humilité, la compassion et l’abnégation sont des idéaux chrétiens.L’antithèse paganisme-christianisme ne coïncide ni avec l’antithèse : humain rustique-humain urbain, ni avec l’antithèse : consanguin-métis.Mais la barbarie rustique et la consanguinité favorisent sans aucun doute le développement de la mentalité païenne, la civilisation urbaine et le mélange le développement de la mentalité chrétienne.
L’individualisme païen généralisé n’est possible que dans des contrées faiblement peuplées, là où le solitaire peut s’affirmer et s’épanouir : à sa convenance, sans pour autant se retrouver en opposition avec ses congénères. Dans les régions surpeuplées, là où les humains se pressent les uns contre les autres, le principe socialiste du soutien mutuel doit compléter le principe individualiste du combat pour le Dasein, et en partie même, le refouler.Le christianisme et le socialisme sont des produits internationaux de la grande ville. Le christianisme a pris naissance, en tant que religion mondiale, dans la métropole sans race de Rome ; le socialisme dans les villes industrielles occidentales aux nationalités
mélangées. Ces deux manifestations de la mentalité chrétienne sont construites sur l’internationalisme. La résistance contre le christianisme a émané de la population rurale, tout comme aujourd’hui c’est encore le peuple de la campagne qui oppose la plus forte résistance à la réalisation du mode de vie socialiste.
Les régions nordiques faiblement peuplées ont toujours été des centres du vouloir païen, et les régions densément peuplées du Sud des incubateurs du sentir chrétien. La question actuelle de la
contradiction entre les modes de spiritualité de l’Est et de l’Ouest ne permet généralement pas d’y comprendre quoi que ce soit, comparativement à cette contradiction entre les humains du Sud et du
Nord. Le Japonais, en tant qu’il a la culture orientale la plus nordique, se rapproche à de multiples égards de l’Occidental ; tandis que la mentalité des Italiens du Sud et des Sud-Américains est orientale. En termes d’états d’âme, le degré de latitude semble plus décisif que le degré de longitude.Il n’y a pas que la position géographique : le développement historique agit aussi de façon décisive sur la forme d’âme d’un peuple. Les peuples chinois et juif ont une sensibilité plus chrétienne que le peuple
germanique, car leur passé culturel est plus ancien. Le Germain est temporellement plus proche du sauvage que le Chinois ou le Juif ; ces deux anciens peuples culturels ont pu s’émanciper de façon plus approfondie de la conception naturelle païenne car ils ont eu au moins trois millénaires de plus pour ce faire.
Le paganisme est un symptôme de la jeunesse culturelle —le christianisme un symptôme de la vieillesse culturelle.Trois peuples : les Grecs, les Romains et les Juifs, ont chacun à leur manière conquis le monde culturel antique. D’abord le peuple philosophico-esthétique des Grecs : dans Y hellénisme ; ensuite le peuple politico-pratique des Romains, dans Y Imperium Romanum ; enfin le peuple éthico-religieux des Juifs, dans le christianisme. Le christianisme, préparé éthiquement par les Esséniens juifs (Jean-Baptiste) et spirituellement par les Alexandriniens juifs (Philon d’Alexandrie), a été un judaïsme régénéré. Dans la mesure où l’Europe est chrétienne, elle est juive (au sens éthico-spirituel) ; dans la mesure où l’Europe est morale, elle est juive. La quasi-totalité de l’éthique européenne s’enracine dans le judaïsme.
Tous les précurseurs d’une morale chrétienne religieuse ou non, de Saint Augustin à Rousseau, Kant et Tolstoï, étaient des Juifs par choix, au sens spirituel ; Nietzsche est le seul éthicien européen non juif et païen.
Les représentants les plus proéminents et convaincants des idées chrétiennes, qui dans leur renaissance se nomment pacifisme et socialisme, sont des Juifs.
À l’Est le peuple chinois est le peuple éthique par excellence (contrairement au Japonais esthético-héroïque et à l’Indien religio-spéculatif) — à l’Ouest c’est le peuple juif. Dieu était le chef d’État
des Juifs anciens, leurs lois morales étaient leur code civil, un péché était un crime.Le judaïsme est resté fidèle au fil des millénaires à l’idée théocratique d’une identification du politique avec l’éthique : le
christianisme et le socialisme sont tous deux des tentatives d’établir un royaume divin. Il y a deux millénaires, les premiers chrétiens n’étaient pas des Pharisiens et des Sadducéens, des héritiers et des renouvelleurs de la tradition mosaïque ; aujourd’hui ce ne sont ni les sionistes, ni les chrétiens, mais les leaders juifs du socialisme : car eux aussi veulent, avec la plus grande abnégation, effacer le péché originel du capitalisme, délivrer les humains de l’injustice, de la violence et de l’esclavage, et transformer le monde absout en un paradis terrestre.
L’éthique est primordiale en tout pour ces prophètes juifs du présent qui préparent une nouvelle époque du monde : en politique, en religion, en philosophie, en art. De Moïse à Weininger 16, Y éthique
a été le problème principal de la philosophie juive. Dans cette profonde attitude éthique face au monde se trouve une racine de la grandeur unique du peuple juif— mais s’y trouve en même temps le danger que les Juifs, perdant leur croyance en l’éthique, plongent dans un égoïsme cynique : tandis que les humains d’une autre mentalité conservent les restes, même après la perte de leur attitude éthiques, de
pléthore de valeurs et de préjugés chevaleresques (homme d’honneur, gentleman, cavalier, etc.), qui les protègent de la chute dans le chaos des valeurs.Ce qui sépare principalement les Juifs des citadins moyens est le fait qu’ils soient des humains consanguins. La force de caractère alliée à l’acuité spirituelle prédestine le Juif à devenir, à travers ses exemples les plus éminents, un leader de l’humanité urbaine, un faux ou véritable aristocrate de l’esprit, un protagoniste du capitalisme comme de la révolution.« On Bended Knee - The Heavy Horses (Lyrics in the Description)LE PLUS GROS MENSONGE DES FÉMINISTES »
Tags : juif, christianisme, chretien, paganisme, peuple
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