• Ah! les vains regrets de ma terre

     

    Ah! les vains regrets de ma terre,
    M'ont révélé tous leurs secrets !
    Je suis, en tout lieu, solitaire,
    Peu m'importe où je dois errer...

    Portant mon sac, je rentre encore
    Du marché le long des bâtisses,
    Vers une maison qui m'ignore
    Comme une caserne, un hospice...

    Mais peu m'importe de connaître,
    Pauvre lionne hérissée,
    Tous les milieux d'où je vais être
    Infailliblement évincée.

    N'étant plus de ma langue éprise,
    Et sourde à son appel lacté,
    Ne pouvant plus être comprise,
    Je vois des mots la vanité.

    Ma voix montant du fond des âges,
    Tu ne liras pas mes feuillets,
    Lecteur de pages et de pages,
    Lecteur de tonnes de papier !

    L'arbre qui, seul, pousse à l'écart
    Ne rejoindra l'allée jamais,
    Et rien ne peut plus m'émouvoir
    De ce que j'ai le plus aimé.

    Marina Tsvetaeva *

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