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Enfants de la race martyre
Admirez à présent, le Juif honnête homme, en train de nous travailler à "l'estime réciproque", voyez comme il est insidieux, patelin, pseudoscrupuleux, inoffensif et philosophique (Extrait du Forum, grand périodique américain, octobre 1937.)
Enfants de la race martyre par Maurice M. Feuerlicht
"J'ai appris très tôt dans ma vie que j'étais Juif et qu'il y avait une "question juive". Par la suite, je devais apprendre en plus que les Juifs, en tant que groupe, ne se conduisent pas comme dés gens normaux, c'est-à-dire pas comme la majorité des citoyens.
"Fils de rabbin, issu d'une famille israélite typique, je ne saurais guère nourrir de préjugés contre les Juifs et je n'ai pas du tout envie de me cacher d'en être un. Mais que personne ait jamais eu le sentiment inné de sa qualité de juif, je ne le crois pas. C'est là, un sentiment qu'on inculque aux petits Juifs à peu près en même temps qu'on leur apprend à parler et tout enseignement religieux tendra par la suite, à ne pas leur laisser oublier qu'ils sont différents des Gentils. Mon plus ancien souvenir a trait à la célébration de la "Fête des Lumières" (Chanukah). Assis aux pieds de mon père, comme ce fut le cas d'innombrables autres petits Juifs, je l'écoute raconter la palpitante histoire [256] de Judas Macchabée et de ses vaillants soldats qui risquèrent leurs vies pour leur religion. J'allume des bougies, je chante:
"Enfants de la race martyre,
Libres ou dans les fers,
Eveillez l'écho de vos chants,
Où que vous soyez dispersés sur terre "Ce thème des "enfants de la race martyre", on m'en a si fort battu et rebattu les oreilles que ma sensibilité en a été très vite et très profondément pénétrée. "Peuple opprimé", "martyre", "préjugé", "persécution": voici presque les premiers mots dont j'ai compris le sens. Si les petits Gentils m'appelaient Juif, on avait grand soin de m'expliquer à la maison qu'ils avaient voulu m'insulter et que le monde n'aime pas les Juifs. L'instruction que je recevais chez moi ne me permettait jamais d'oublier le passé. Chaque petit Juif, doit passer à son tour par toutes les persécutions qu'a pu subir son peuple depuis 3.000 ans.
"Après la "Fête des Lumières", je célébrai la Pâque et détestai de toute la force de mon coeur d'enfant le pharaon qui avait persécuté les Juifs. De crainte que j'oublie la fuite précipitée à travers la Mer Rouge, on me fit manger du pain sans levain — évocateur d'épreuves vieilles de 2.000 ans A l'école du dimanche, chez moi, là où les autres enfants écoutaient des contes de fées, ou jouaient avec les soldats de plomb, j'apprenais les atrocités de l'inquisition espagnole, l'emprisonnement des Juifs dans les enceintes réservées et des ghettos."Il en résulta pour moi, comme pour les autres enfants juifs un complexe de persécuté qui s'accusa à mesure que je grandissais. Je n'avais pas appris grand'chose des principes religieux du judaïsme, mais je n'ignorais rien de l'affaire Dreyfus, du Ku-Klux-Klan, de l'exclusivisme de tels clubs, de tels hôtels, des "quotas" universitaires. C'est un tel ensemble de connaissances qui, plus que tout autre chose, donne à un Juif d'aujourd'hui le sentiment d'être juif, car nous avons beaucoup plus conscience des torts qu'on nous a fait subir que de notre religion. Notre maladie de la persécution pervertit nos rapports avec notre entourage. Le Juif qui rate un examen ou une affaire, qui tente en vain de trouver une situation ou d'entrer dans un club s'écriera: "C'est de la prévention, c'est parce que je suis juif!"Il ne s'en trouvera pas beaucoup parmi nous pour avoir le courage de reconnaître qu'il pourrait bien y avoir là-dessous d'autres raisons et toutes personnelles. Certes l'homme qui échoue cherche partout la cause de son échec excepté chez lui. C'est un trait général de la nature humaine. Mais nous nous éloignons de la norme, nous autres Juifs, sur ce point aussi parce que nous avons fait de ce penchant une habitude d'esprit à laquelle nous avons constamment recours pour nous consoler de tous les déboires.
"Dans l'important établissement universitaire où j'ai achevé mes études, 15% des étudiants étaient des Juifs, plusieurs membres distingués du corps enseignant l'étaient aussi. On rien reprochait pas moins à ce collège d'écarter systématiquement les Juifs, et un nombre incroyable de parents criaient non moins incroyablement à l'antisémitisme parce que leurs fils n'avaient pas réussi à faire partie d'une association, d'une équipe, avaient été refusés à un examen, n'avaient pas obtenu une distinction. Moi qui avais affaire à eux tous les jours, je savais qu'il s'agissait de garçons mal élevés, gâtés, paresseux, perpétuellement dressés sur leurs ergots, qu'on eût tenus pour tout aussi indésirables s'ils avaient été protestants ou bouddhistes.
"On pourrait citer un nombre infini d'exemples de ce genre s'appliquant à tous les âges, à tous les types d'Israélites. Car si, en de nombreux cas, l'antisémitisme entre réellement enjeu, il rien demeure pas moins que, trop souvent, le prétendu préjugé raciste est, en fait, un légitime réflexe de défense dirigé contre un individu. Bon nombre de Gentils sont équitables, enclins à juger les gens selon leurs mérites personnels. C'est le Juif qui provoque les malentendus avec sa susceptibilité toujours en éveil. "Une personne affligée de la maladie de la persécution est toujours habitée par l'aveugle désir de rendre coup pour coup. La présence d'un Gentil à une cérémonie juive est sévèrement critiquée par les Juifs qui brûlent le plus d'être reçus chez les Gentils. Qu'un Juif commette le crime entre tous haïssable de prendre femme chez les Gentils, et il sentira toute la force du préjugé que les Juifs ont eux-mêmes élevé autour d'eux
"Certaines conséquences de ce complexe de martyrisé sont à longue portée et causent, en tout cas, un préjudice irrémédiable à l'individu juif. Elles entament jusqu'aux mieux disposés des Gentils. Juif se montrant en effet d'une sensibilité morbide au sujet de son judaïsme, les Gentils se retiennent de faire une critique éclairée de la question, de peur d'être accusés de donner dans le travers antisémite. Et ainsi le Juif se voit privé du bénéfice qu'il retirerait d'un examen loyal de différences et de préjugés qui existent réellement."Le côté tout à fait tragique de cette situation naît de l'attitude inconséquente du Juif — lequel se plaint amèrement qu'on voie en lui en premier lieu le Juif et non l'individu. Il oublie que son premier mouvement à lui est toujours d'un Juif. Les journaux publient-ils qu'Isaac Rubens, 26 ans, a cambriolé la nuit dernière l'épicerie Smith ? Tous les Juifs de la ville se dressent et crient à la diffamation. Mais qu'Albert Einstein révolutionne le monde des sciences par ses théories, et les mêmes Juifs rayonnent de satisfaction en lisant un article sur "le grand savant israélite». Il faudrait pourtant que nous nous décidions à choisir ce que nous attendons du monde ?
Qu'il nous tienne pour des individus ou pour des Juifs ?
"Je crois que nous ne serons jamais des individus normaux tant que nous resterons en proie à notre complexe de martyrisés, tant que nous nous déroberons à la tâche de notre perfectionnement individuel, tant que nous trouverons plus commode de blâmer les autres de nos propres défauts."
Voyez-vous ce bénin! Cette petite ficelle! Il écrit comme Mr. Duhamel, il pense comme Mr. Duhamel.
Après l'eau de Rose, les avertissements..."Bagatelles pour un massacre" *
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