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    L’histoire se passe dans le bureau d'un producteur. Un jeune cinéaste y déchire en hurlant des journaux. Son film vient de sortir, personne n'en parle, il est persuadé d'une conspiration et d'ailleurs il en a la preuve. Le producteur, souriant, ouvre une armoire, en sort une bouteille de whisky et deux verres. Il attend pour intervenir que les journaux soient réduits en miettes, en poudre, en confettis: mais mon vieux, vous faites fausse route, personne ne vous en veut, pour qu'on vous en veuille, il faudrait que l'on fasse attention à vous, et dans ce monde, je ne parle pas seulement du milieu du cinéma, hein, je parle du monde entier, vous entendez mon vieux, le monde entier, dans ce monde personne ne fait attention à personne, vous ne faites l'objet d'aucune persécution, arrêtez de délirer, l'indifférence et la paresse sont des hypothèses bien plus sûres que la malveillance, c'est vrai que tout le monde se fout de votre film, mais je vous en prie, n'en faites pas une histoire personnelle, je vous le redis, il n'y a pas de conspiration, nulle part, il n'y a que ça: indifférence naturelle, commune, profonde. Paresse naturelle, commune, profonde. Si vous êtes victime, alors nous le somme tous, de même que nous sommes tous et en même temps coupables. Soignez vos nerfs, mon vieux, allez vers votre prochain film sans vous soucier de la presse, du public ni même des producteurs, vous n'aurez jamais que ces deux ennemis-là, nous avons tous les mêmes et s'ils sont si forts c'est que nous les aidons bien: indifférence naturelle, commune, profonde. Paresse naturelle, commune, profonde.

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