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Je suis pas réactionnaire !
Mais moi je lui dis à cet enflé, mais moi ! je suis pas réactionnaire ! pas pour un poil ! pas une minute ! pas fasciste ! pas conditionnel ! Ils vous prennent tous pour ce qu'on est pas ! des talmudistes ! des compliqués ! des triples fonds comme eux-mêmes ! Mais pas du tout ! mais moi je veux bien qu'on partage ! Mais moi j'ai jamais demandé mieux ! Là ! mes quatre sous sur la table ! Tout de suite encore ! et bien gagnés ! je vous affirme... dans la quarante-troisième année de son âge !... Pas extorqués du tout au peuple. Jamais touché un petit sou qu'il n'ait gagné 120 fois ! Toutes ses études en bossant, Ferdinand, d'un patron dans l'autre... vous savez ce que cela veut dire... à la sauvette avant la guerre... Pas né dans la bourgeoisie... jamais mis une heure au lycée... de la communale au tapin !... Je te connais bien petit bonhomme !... Et youp là fier bambin !... Il marne depuis I'âge de douze ans !... 22 patrons Monsieur, 22... Ils l'ont tous foutu à la porte !... Il en a encore deux ou trois !... et même quatre pour mieux dire... Ils se tâtent pour le balancer... Ils le considèrent troublement... Ferdinand a l'habitude. Il était fourgué aux patrons corps et âme avant sa naissance, comme tous les pauvres... Il a toujours, Messieurs, Mesdames, volé ! racheté ! sa vie au jour le jour !... au fur à mesure... fait semblant d'être avec les autres... au banc de galère... Travaillé pour les singes d'une main, de l'autre pour sa tête personnelle... et bien soucieux que nul n'en sache !... Il s'est caché dans les chiots, il avait l'air d'aller se poigner, pour préparer ses examens... Je vous le dis tel
quel... Ils sont méchants les frères de classe dès qu'on essaye de s'affranchir, ils sont pires que tous les patrons, comme jalousie, fiel et lâcheté... Ainsi les bachots... la médecine... et puis le " Voyage " en plus, si ça ne vous fait rien... pas par des sentiers, je vous prie, qui passaient par les Ministères. Toujours il a racheté, arraché sa vie, Ferdinand, d'un petit sursis à l'autre... d'un jour à l'autre... par cent mille ruses... et miracles... Il a fallu voler ma vie... et cependant jamais libre... Chaque matin on venait me la reprendre... ce qu'il en reste... c'est régulier... Quand j'entends des piafs installer, parler de leurs inouïes épreuves, de leurs effroyables aventures!... Putain de dieu! j'en cramoisis!... Plats superficieux petits crabes! Si moi je voulais causer... Quels papiers je pourrais montrer! Quels passeports m'ont sorti du Bain... Eh! bien Monsieur, ça m'est égal!... Je veux bien tout remettre sur la table. Si l'on partage " absolument ". Pas autrement! par exemple! absolument! je répète et tout de suite!... Moi
je me sens communiste sans un atome d'arrière-pensée! " Car vois-tu chaque jour communiste davantage! aujourd'hui plus qu'hier et bien
moins que demain... " Vous connaissez ce mirliton ? Mais alors tout le monde! et ensemble... j'insiste! sans exception!... aucune! sans sursis!... pas une fausse note! pas un soupir dans ce grand choeur! Je me sens communiste de toutes fibres! de tous les os! de toute barbaque! et c'est pas le cas pour bezef!
Ce qu'on appelle communisme dans les milieux bien avancés, c'est la grande assurance-nougat, le parasitisme le plus perfectionné des âges... garanti admirablement par le servage absolu du prolétariat mondial... l'Universelle des Esclaves... par le système bolchevique, farci superfasciste, boulonnage international, le plus grand coffre-fort blindé qu'on aura jamais conçu, rivé, compartimenté, soudé au brasier de nos tripes pour la plus grande gloire d'Israël, la défense suprême des éternels youtres pillages, l'apothéose tyrannique des délires sémites!... Salut!... Pour ça vraiment!... non Moloch! Je m'en ressens pas!... pour faire remonter sur le trône d'autre fous semi-nègres encore mille fois pires, plus incapables, plus jacasseurs, mille fois plus criminels encore que ceux qu'on vient de perdre! Autant de super-Béhanzins... Des clous!... Pourquoi faire ?... Mais s'il s'agit du vrai communisme, du partage de tous les biens et peines du monde dans la plus stricte égalité, alors je m'en ressens comme personne... J'ai plus besoin qu'on me stimule, qu'on me bassine... qu'on me catéchise. Je suis prêt, au garde à vous... Je suis le plus grand partageux qu'on aura jamais connu... et je vous fous mon billet qu'il me faut pas beaucoup pour vivre. Communisme tant qu'on voudra, mais sans les Juifs, jamais avec les Juifs. Rappelons un peu les événements : Monsieur Gide en était encore à se demander tout éperdu de réticences, de sinueux scrupules, de fragilités syntaxiques, s'il fallait ou ne fallait pas enculer le petit Bédouin. que déjà depuis belle lurette le " Voyage " avait fait des siennes... J'ai pas attendu mes 80 ans pour la découvrir l'inégalité sociale. A 14 ans, j'étais fixé une bonne fois pour toutes. J'avais dégusté la chose... J'avais pas besoin de savoir lire. Qu'il me soit permis de noter (puisque l'oubli est à la mode) qu'avant, depuis, pendant le
" Voyage " les écrivains de gauche, en titre, en cour au balcon, se sont énormément grattés, ici, là-bas, et puis ailleurs, pour nous donner dans le sens " communiste intime " quelque chose d'encore beaucoup mieux... L'intention était fort louable, parfaitement honnête... Mais où sont les chefs d'oeuvre promis ?... On s'est pourtant bien réunis, ici, là-bas et puis ailleurs. Et comme on a bien déclamé! Enormément pontifié! comme on a tranché! jugé! pourfendu! navré les impies... Sur le plan idéologique. Quel massacre encore! Et puis tout transporté par l'apostolisme, n'y tenant plus de se faire voir, trop admirable à contempler! comme on s'est bien tâté l'esprit devant des millions de personnes! Emerveillées, exultantes, hagardes! au bord des estrades! devant tous ces génies radiants en puissance! *
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