• La population juive de l'empire

     

    La population juive de l'empire est répartie dans 38 départements, elle est de 78,993 individus, mais les juifs de pays nouvellement annexés en Hollande et dans le nord ne sont point compris dans ce travail.
    Le nombre des juifs est de 46,663 pour toute l'étendue de la France actuelle.
    On constate, dans le département de la Seine, la présence de 2,733 Israélites, on voit à quel point ils ont multiplié puisque quelques chiffres du Consistoire permettent d'en compter environ 42,000 avérés.
    Lyon et le département du Rhône, qui sont infestés aujourd'hui, puisque le Juif Millaud est parvenu à s'y faire élire sénateur, sont presque intacts, on y compte en tout 58 chefs de famille faisant ensemble 495 individus. Nous lisons dans un des états que 40 familles juives se sont établies à Lyon depuis 1790, parmi leurs membres figurent 2 négociants, 2 propriétaires, 9 artisans exerçant des arts et métiers, 15 à 20 enfants fréquentant les écoles publiques.
    Les Juifs adressèrent à l'Empereur supplique sur supplique pour être exemptés des rigoureuses dispositions du décret du 17 mars 1808. Les Juifs de la Gironde avaient été exemptés de suite, ceux de la Seine, sur lesquels les renseignements avaient été bons, avaient été l'objet de la même faveur.
    Les états dressés à cette occasion nous fournissent encore quelques éclaircissements sur la population juive dans certains départements.
    Parmi les départements qui ont réclamé l'exemption sans l'avoir obtenue, nous trouvons la Moselle avec 6,506 Juifs, le Rhône 195, la Meurthe 3,489, la Meuse 405, la Côte d’Or 250.
    Parmi les départements, qui ont demandé et obtenu l'exemption, figurent la Gironde avec 2,531 Juifs, les Landes 1,598, la Seine 2,733, les Basses-Pyrénées 127, les Alpes-Maritimes 303, l'Aude 4, le Doubs 86, la Haute-Garonne 107, l'Hérault 141, Seine-et-Oise 95, Vosges 345, le Gard 425, les Bouches-du-Rhône 948.
    Parmi les départements qui n'ont rien demandé, nous relevons l'Allier avec 5
    Juifs, l'Ille-et-Vilaine 11, le Finistère 11, le Loiret 7, Loir-et-Cher 10, Loire Inférieure 11, Marne 2, Pas-de-Calais 63, Seine Inférieure 47, Somme 14, Yonne 27, Ardennes 11, Charente 8, Charente Inférieure 70, Puy-de-Dôme 38, Haute-Vienne 29, Dordogne 1, Var 14, Vaucluse 631, Haut-Rhin 9,915, Seine-et-Marne 132, Haute-Saône 5, Haute-Marne 44, Bas-Rhin 16,155, Isère 4.

     Les Juifs, cependant, comptaient des amis autour de Napoléon 1er. Ney, originaire de l'Alsace, était-il Juif comme on l'a souvent prétendu? Ce nom, en tous cas, est assez commun chez les Juifs.
    La fatalité particulière qui a pesé sur cette famille, le mystérieux des catastrophes qui se sont abattues sur elle, me confirmeraient dans cette opinion. En tous cas, s'il faut en croire « Allg-z-der-Jud », il portait Israël dans son coeur.
    Lorsque le 10 novembre 1806, racontait ce journal, en 1865, le maréchal Ney occupa Magdeburg, il reçut la visite des autorités et des notables de la ville. Le maréchal avait demandé expressément que les notables de toutes les confessions lui fussent présentés. Après qu'ils eurent passé devant lui, il demanda s'il n'y avait point de représentant de la communauté israélite.
    La ville de Magdeburg, réplique un des assistants, jouit du privilège de ne point avoir de Juifs parmi ses habitants, il n'y en a qu'un ici et est toléré pour des raisons particulières. - Vous voulez parler des Israélites, repartit le maréchal, la France ne connaît pas de juifs du reste, messieurs, là où domine la France il n'y a plus de privilèges et à partir de ce moment l'égalité des cultes est à Magdeburg l'unique principe admis.
    « Il y a aujourd'hui à Magdeburg, disait en terminant le journal israélite allemand, 5,000 de nos coréligionnaires et l'un d'eux est membre du conseil municipal. »
    Les Archives, qui rapportent ce fait, ne se prononcent pas nettement sur le fait de l'origine juive de Ney.
    Nous ajouterons, nous disent-elles, que Ney, originaire de Sarrelouis, a longtemps passé pour être d'extraction juive, il n'aura pas fallu beaucoup d'anecdotes comme celle que nous venons de rapporter pour lui faire cette réputation.
    Nous l'avons prouvé, l'affirmation de Disraeli sur Masséna parait tout au moins hasardée, elle n'est point, cependant, absolument improbable.
    En ce cas, le petit-fils du maréchal, le duc de Rivoli, qui a épousé récemment une Juive, Mme Heine, veuve elle-même du général duc de la Moskova, qui passait pour descendre des Juifs, aurait obéi à une sorte d'attraction de race que nous avons constatée assez souvent dans le cours de cet ouvrage. Pour le maréchal Soult, la supposition de Disraeli me parait absolument romanesque, quoiqu'il figure dans un ‘Plutarque Juif’ en même temps que Jules Janin.
    D'après le Petit Journal, le premier officier juif de l'armée française aurait été M. Marqfroy, mort il y a trois ans, à Biarritz, âgé de 95 ans.
    Il avait fait les dernières campagnes de l'Empire et avait atteint le grade de capitaine.
    Le père du défunt était propriétaire du château de Marracq à Bayonne, qu'il vendit à Napoléon 1er, et où celui-ci attira et retint le roi d'Espagne et son fils, plus tard Ferdinand VII.
    M. Marqfroy, dans une audience qu'il avait eue de Napoléon 1er avait obtenu de faire admettre ses fils dans une école militaire.
    Les écoles de l'Etat étaient jusqu'alors fermées aux Israélites. Le défunt et son frère furent les deux premiers israélites admis dans, les écoles militaires de France.
    Selon M. Kohn, les premiers officiers juifs auraient été MM. d'Alembert, Mardochée et Pollonais, sortis en 1809 le premier de l'École polytechnique, les deux autres de l'école Saint-Cyr (1).

     E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 57)

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    (1) La Notice sur l’état des Israélites en France par E.C.M. citait, sous la Restauration, parmi les militaires d'origine israélite « le général baron Wolff, maréchal de camp, commandeur de la Légion d'honneur, son frère, chef de bataillon, chevalier de la même Légion, le colonel Maurice, Alphonse Théodore Cerf-Beer, capitaine d'artillerie, chevalier de la Légion d'honneur, Gustave Mévil, capitaine d'artillerie, chevalier de la Légion d'honneur, Festel, capitaine, directeur du dépôt d'armes de Mutzig, officier de la Légion d'honneur, Worms fils, capitaine et chevalier, Lion Berr, capitaine aux invalides, etc., etc. »
    Le pédicure de Napoléon 1er, un nommé Tobias, était juif, il exerça plus tard les mêmes fonctions près du duc de Berry.

     

     

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