• LA QUETE DU BONHEUR (12) - Hannah Arendt

     

    Toutefois, le fait historique est que la Déclaration d’indépendance évoque une « quête du bonheur», et non celle du bonheur public, et il est probable que Jefferson lui-même ne savait pas de façon très précise quelle sorte de bonheur il désignait en faisant de cette quête l’un des droits inaliénables de l’homme. Son célèbre «bonheur d’expression» estompa la distinction entre «droits privés et bonheur public(1)», si bien qu’au cours des débats de l’Assemblée, personne ne remarqua l’importance de la modification qu’il y avait apportée. Bien entendu, aucun des délégués n’aurait pu soupçonner l’étonnante carrière de cette formule de la «quête du bonheur», qui devait contribuer plus que toute autre à une idéologie spécifiquement américaine, au terrible malentendu qui, comme le dit Howard Mumford Jones, donne aux hommes le droit au « sinistre privilège de poursuivre un fantôme et d’embrasser une ombre(2) ».

    _____________________________

    1. Voir James Madison dans The Federalist, n° 14. Ce « droit » nouvellement découvert par Jefferson finit par être inclus «dans les deux tiers ou peu s’en faut des Constitutions des États entre 1776 et 1902», en dépit du fait qu’à l’époque comme maintenant, «il était bien difficile de savoir ce que Jefferson ou le comité entendaient par quête du bonheur». On est tenté de conclure avec Howard Mumford Jones que je cite ici, que «le droit au bonheur en Amérique avait émergé sans y penser».
    2. Howard Mumford Jones, The Pursuit of Happiness, op. cit., p. 16.

    A suivre

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