Le clown triste,
Quand il n'est pas sur scène,
Cogite, parfois...
Il se dit,
Plus nous sommes nombreux,
Plus la société se déshumanise.
Il semble n'y avoir plus de joie...
Du pain sur la planche,
Pour mon travail...
Il se dit,
Plus nous avons,
Plus nous vivons dans la crainte,
De tout perdre.
Puis il se dit,
En fait, nous avons peur de tout,
Peur de la maladie, du chômage,
Peur du voisin, peur du maraudeur.
Aussi, on préfère étoffer les épais portefeuilles,
Des soi disant 'assureurs',
Contre la peur, le voleur...
Même la crainte de ne pouvoir payer nos obsèques,
Dilue notre joie de vivre.
Il n'y a pas si longtemps,
Nous ne possédions rien,
La journée de travail,
Offrait un humble repas,
Un coin pour dormir,
Le soir tombant,
Tout simplement.
Non, pensait-t-il, ce n'était pourtant pas mieux, avant...
Certes, il y eût une fenêtre,
Se dit le clown triste,
Je crois qu'on appelait cela,
Les Trente Glorieuses...
Les arbres poussaient jusqu'au ciel...
Tout allait mieux, pour tout le monde,
Personne ne connaissait les limites de ce bonheur croissant.
On ne voyait pas l'horizon...
Puis, un jour, il fût atteint, l'horizon.
La fameuse bulle éclata,
Et les volets de la fenêtre,
Par cette tempête refermés...
Et il fallut revenir sur nos pas.
Aujourd'hui, personne ne sait quel chemin prendre,
La peur au tripes, on tâtonne dans un obscur néant,
En vue d'une autre lumière,
Et le clown triste,
Prépare son spectacle permanent.