• Lorsque s'épand sur notre seuil la neige fine



    Lorsque s'épand sur notre seuil la neige fine
    Au grain diamanté,
    J'entends tes pas venir rôder et s'arrêter
    Dans la chambre voisine.

    Tu retires le clair et fragile miroir
    Du bord de la fenêtre,
    Et ton trousseau de clefs balle au long du tiroir
    De l'armoire de hêtre.

    J'écoute et te voici qui tisonnes le feu
    Et réveilles les braises ;
    Et qui ranges autour des murs silencieux
    Le silence des chaises.

    Tu enlèves de la corbeille aux pieds étroits
    La fugace poussière,
    Et ta bague se heurte et résonne aux parois
    Frémissantes d'un verre.

    Et je me sens heureux plus que jamais, ce soir,
    De ta présence tendre,
    Et de la sentir proche et de ne pas la voir,
    Et de toujours l'entendre.

     

    Émile VERHAEREN (1855-1916)

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