• "Mettre en veilleuse votre cul votre tête et votre cœur"

     

    je venais de sortir d'une histoire qui s'était plutôt mal terminée.
    franchement, j'étais en train de roules vers le trou et j'étais
    réellement dans la merde jusqu’au cou et davantage encore quand j'ai eu la chance de rencontrer cette dame au grand lit surmonté d'un baldaquin incrusté de pierres précieuses avec en plus du vin, du champagne, du shit,
    des amphés et une télé couleur.
    nous restions au lit et
    buvions du vin, du champagne, fumions,
    croquions des pilules par douzaines
    et (bien que dans la merde jusqu’au cou et davantage encore) j'essayais d'oublier cette histoire qui s'était si mal terminée.
    je plongeais dans la télé en essayant de me déconnecter du réel,
    mais le truc qui m'a vraiment aidé,
    c'est une très longue
    (spécialement écrite pour la télé) dramatique sur les espions -
    espions américains et espions russes, qui
    étaient tous si habiles et si calmes,
    que même leurs enfants ne savaient pas qu'ils l'étaient,
    que même leurs femmes ne savaient  pas qu'ils l'étaient, et d'une certaine façon
    eux-même le savaient à peine -
    et moi je découvrais qui étaient les chasseurs d'espions et les agents doubles :
    les types qui travaillaient pour les deux camps, et ensuite celui qui, n'étant qu'un agent double, devenait un agent triple, ce qui
    augmentait joliment la confusion -
    je pense que même le gus qui a écrit le script
    ne savait pas comment on en était arrivé là -
    et cela se poursuivait durant des heures !
    des hydravions éperonnaient des icebergs, un prêtre de Madison,
    Wisconsin, assassinait son frère, un vulgaire morceau de verre était convoyé
    par bateau dans une cassette jusqu’au Pérou à la place du plus gros diamant du monde, et des blondes entraient et sortaient tout en avalant de la crème Chantilly et des noix;
    l'agent triple devenait agent quadruple et tout le monde aimait tout le monde
    et l'un dans l'autre ça continuait comme ça et les heures passaient et tout disparaissait comme du sopalin dans un sac poubelle et me penchant j'éteignis finalement le poste et dormis comme un ange pour la première fois depuis une quinzaine.

    Charles Bukowski *

    « Summoning - Land Of The DeadYulia & Riccardo Cha cha cha »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :