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    je venais de sortir d'une histoire qui s'était plutôt mal terminée.
    franchement, j'étais en train de roules vers le trou et j'étais
    réellement dans la merde jusqu’au cou et davantage encore quand j'ai eu la chance de rencontrer cette dame au grand lit surmonté d'un baldaquin incrusté de pierres précieuses avec en plus du vin, du champagne, du shit,
    des amphés et une télé couleur.
    nous restions au lit et
    buvions du vin, du champagne, fumions,
    croquions des pilules par douzaines
    et (bien que dans la merde jusqu’au cou et davantage encore) j'essayais d'oublier cette histoire qui s'était si mal terminée.
    je plongeais dans la télé en essayant de me déconnecter du réel,
    mais le truc qui m'a vraiment aidé,
    c'est une très longue
    (spécialement écrite pour la télé) dramatique sur les espions -
    espions américains et espions russes, qui
    étaient tous si habiles et si calmes,
    que même leurs enfants ne savaient pas qu'ils l'étaient,
    que même leurs femmes ne savaient  pas qu'ils l'étaient, et d'une certaine façon
    eux-même le savaient à peine -
    et moi je découvrais qui étaient les chasseurs d'espions et les agents doubles :
    les types qui travaillaient pour les deux camps, et ensuite celui qui, n'étant qu'un agent double, devenait un agent triple, ce qui
    augmentait joliment la confusion -
    je pense que même le gus qui a écrit le script
    ne savait pas comment on en était arrivé là -
    et cela se poursuivait durant des heures !
    des hydravions éperonnaient des icebergs, un prêtre de Madison,
    Wisconsin, assassinait son frère, un vulgaire morceau de verre était convoyé
    par bateau dans une cassette jusqu’au Pérou à la place du plus gros diamant du monde, et des blondes entraient et sortaient tout en avalant de la crème Chantilly et des noix;
    l'agent triple devenait agent quadruple et tout le monde aimait tout le monde
    et l'un dans l'autre ça continuait comme ça et les heures passaient et tout disparaissait comme du sopalin dans un sac poubelle et me penchant j'éteignis finalement le poste et dormis comme un ange pour la première fois depuis une quinzaine.

    Charles Bukowski *

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    les requins frappent à ma porte
    et entrent et demandent des services ;
    les voici qui soufflent dans mes fauteuils
    en examinant la chambre dans ses moindres détails ,
    et ils exigent des actes :
    de la lumiere , de l'air , de l'argent ,
    tout ce qu'ils peuvent grapiller :
    de la biere ,des cigarettes , des demi-dollars , des dollars ,
    des pieces de cinq et dix cents ,
    et tout ça comme si ma survie était assurée ,
    comme si mon temps n'était pas compté
    et que leur présence avait de la valeur .

    ouais , nous avons tous nos requins , j'en suis sur ,
    et il n'y a qu'un moyen de s'en débarasser
    avant qu'ils ne vous dévorent vivants :
    arretez de les nourrir ; ils trouveront un
    autre appat ; ça fait bien douze fois
    que vous les engraissez -
    à présent balancez-les
    à la mer .
    "Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines" Charles Bukowski *

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    tout va bien puisque je ne suis pas encore mort
    et les rats s'activent entre les canettes de bière ,
    les sacs en papier s’emmêlent comme des petits chiens ,
    et ses photographies sont collées sur une peinture
    à coté d'un Allemand mort et elle aussi est morte
    et il m'a fallu 14 ans pour la connaitre
    et s'ils me donnent 14 années de plus
    je la connaitrai encore mieux...
    ses photos collées sur le verre
    ne bougent ni ne parlent ,
    mais j'ai quand même un enregistrement de sa voix ,
    et elle parle certains soirs ,
    de nouveau elle-même
    si réelle qu'elle rit
    qu'elle dit les milliers de choses ,
    la seule chose que j'ai toujours ignorée ,
    qui ne me quittera plus :
    j'ai eu l'amour
    et l'amour est mort ;
    une photo et un morceau de scotch
    ne sont pas grand-chose , ai-je appris sur le tard ,
    mais donnez-moi 14 jours ou 14 années ,
    je tuerai tout homme
    qui osera toucher ou prendre
    ce qui reste .

     

    "Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines"*
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    «Le Génie peut être la capacité à dire des choses fortes de la manière la plus simple.»

    Charles Bukowski demeure l’un des romanciers les plus influents de la littérature américaine du XX ième siècle.

    Presque toujours autobiographique, les romans de Bukowski nous transportent dans un monde où l’alcool, le sexe et la folie se mêlent.

    Lire ICI

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