• Mort à Venise

    Le soleil sur la verrière
    Fait des dessins sur ta peau
    Derrière les ombres de travers
    Bat le coeur d'un jour nouveau
    Brisé comme feuille de thé
    Tu ris du plateau renversé
    Fou, ce cri qui me rend beau,
    Gouttes de larmes à ma peau

    Oh! Ton ventre que je frôle
    Nous aimer plus vrai que vrai
    Je laisse aller mon épaule
    Silence du matin, cadeau
    De l'eau fraîche dans un verre
    Sur tes lèvres entrouvertes
    Les miettes d'un croissant chaud

    Les tigres de porcelaine
    Sont restés tels qu'ils étaient
    Ils cachent leur restant de haine
    Sous la peinture écaillée
    Notre lit est un champ libre
    Une aquarelle chagrine.
    Jetées au coeur d'une orange,
    Toutes nos couleurs se mélangent

    Une pomme rouge tachée
    Sous des fruits ensoliellés
    A ton front le battement
    D'un vol d'amour effréné
    D'un vol d'amour suicidé
    A l'heure du petit déjeuner

    Est-il donc mort à Venise
    Dans l'orage d'un bordel
    Rimmel et masque de mise
    Amoureusement cruel

    Jean Guidoni *

    Mort à Venise

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