• Parlons un peu d'autre chose...

     

    Parlons un peu d'autre chose...
     Vers la fin de cet été, j'étais encore à Saint-Malo... je reprenais, après un dur hiver, le souffle... J'allais rêvant, méditant au long des grèves. Je revenais, ce jour-là, tout pensif du "Grand-Bé". Je cheminais lentement à l'ombre du rempart, lorsqu'une voix... mon nom clamé... me fit tressaillir... une dame me hélait... de très loin... les jambes à son cou... elle fonce... elle arrive... un journal flottant au poing.
     -- Ah ! dites donc !... venez voir un peu !... Regardez donc mon journal !... comme ils vous traitent !... Ah ! vous n'avez pas encore lu ?...
     Elle me soulignait le passage du doigt... Ah ! comment ils vous arrangent ! Elle en était toute jubilante... heureuse au possible...
     -- C'est bien vous Céline ?...
     -- Mais oui... mais oui... C'est mon nom de frime... mon nom de bataille !... C'est le journal de qui ?... le journal de quoi ?... que vous avez ?...
    -- Lisez ! ce qu'ils écrivent d'abord !... mais c'est le Journal de Paris ! le journal "Journal"... "Renégat !..." qu'ils vous intitulent... Ah ! c'est bien écrit noir sur blanc... Renégat !... comme un André Gide, qu'ils ont ajouté... comme M. Fontenoy et tant d'autres...
     Cinglé ! mon sang ne fait qu'un tour ! Je bondis ! Je sursaute !... on m'a traité de mille choses... mais pas encore de renégat !...
     -- Renégat moi ?... Renégat qui ?... Renégat quoi ?... Renégat rien !... Mais j'ai jamais renié personne... L'outrage est énorme !... Quelle est cette face de fumier qui se permet de m'agonir à propos du communisme ?... Un nommé Helsey qu'il s'appelle !... Mais je le connais pas !... d'où qu'il a pris des telles insultes ?... D'où qu'il sort,  ce fielleux tordu ? C'est-il culotté cette engeance ?... C'était bien écrit en pleine page et gras caractères... y avait pas du tout à se tromper... elle avait raison la dame...
     "L'opinion des renégats n'a, bien sûr, aucune importance, les Gides, les Célines, les Fontenoys... etc. Ils brûlent ce qu'ils ont adoré..." Il est soufflé, merde, ce cave !... De quel droit il se permet, ce veau, de salir de la sorte ?... Mais j'ai jamais renié rien du tout ! Mais j'ai jamais adoré rien !... Où qu'il a vu cela écrit ?... Jamais j'ai monté sur l'estrade pour gueuler... à tous les échos, urbi et orbi : "Moi j'en suis !... moi j'en croque !... j'en avale tout cru !... que je m'en ferais mourir !..." Non ! Non ! Non ! J'ai jamais micronisé, macronisé dans les meetings !... Je vous adore mon Staline ! mon Litvinoff adoré ! mon Comintern !... Je vous dévore éperdument ! Moi j'ai jamais voté de ma vie !... Ma carte elle doit y être encore à la Mairie du "deuxième"... J'ai toujours su et compris que les cons sont la majorité, que c'est donc bien forcé qu'ils gagnent !... Pourquoi je me dérangerais dès lors? Tout est entendu d'avance... Jamais j'ai signé de manifeste... pour les martyrs de ceci... les torturés de par là... Vbus pouvez être bien tranquilles... c'est toujours d'un Juif qu'il s'agit... d'un comité youtre ou maçon... Si c'était moi, le "torturé" pauvre simple con d'indigène français... personne pleurerait sur mon sort... Il circulerait pas de manifeste pour sauver mes os... d'un bout à l'autre de la planète... Tout le monde, au contraire, serait content... mes frères de race, les tout premiers... et puis les Juifs tous en chur... "Ah ! qu'ils s'écrieraient, dis-donc ! Ils ont eu joliment raison de le faire aux pattes le Ferdinand... C'était qu'un sale truand vicieux, un sale hystérique emmerdeur... Faut plus jamais qu'il sorte de caisse... ce foutu vociférant. Et puis qu'il crève au plus vite!..." Voilà ce qu'on dirait pour ma pomme... le genre de chagrin éprouvé... Moi je suis bien renseigné... alors j'adhère jamais rien... ni aux radiscots... ni aux colonels... ni aux doriotants... ni aux "Sciences Christians", ni aux francs-maçons ces boys-scouts de l'ombre... ni aux enfants de Garches, ni aux fils de Pantin, à rien!... J'adhère à moi-même, tant que je peux... C'est déjà bien mal commode par les temps qui courent. Quand on se met avec les Juifs, c'est eux qui revendiquent tout l'avantage, toute la pitié, tout le bénéfice; c'est leur race, ils prennent tout, ils rendent rien.

    " Bagatelles pour un massacre " *

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