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Une pause entre deux combats
Par Cruella dans La tendresse, c'est seulement de la cruauté qui se repose le 10 Juillet 2017 à 10:45Un soldat monologue douloureusement :
« Ceci est mon printemps de campagne guerrière.
Peut-être le dernier.
J’épie le frôlement, les cris, qui saluent le jeune printemps d’avril. Mon cœur s’agite.À la maison j’ai une femme et deux enfants. Une petite chambrette au rez-de-chaussée, des oreilles fines, aux aguets, qui épient les pas tardifs sur l’escalier. On m’y attend.
Peut-être m’ont-ils enterré depuis longtemps.Je n’ai eu ni amour, ni caresse, ni un regard chaud. Et c’est ainsi que je grandis, comme un chiot : on me frappait – je pleurais ; on me caressait – je souriais. Je ne savais pas en ce temps-là pourquoi nous étions les « malheureux » et les autres les « heureux ».
Je vivais dans cet univers, riche de beauté et de splendeurs, non pas comme un maître, mais comme un mercenaire, comme un chien solide et serviable qui ramasse des miettes. J’ai commencé à travailler à 7 ans, j’ai travaillé tous les jours, et je suis quand même un pauvre, un relent de rinçures.
Je ne sens qu’une seule chose : Je veux vivre ! Et pour cela je dois tirer des coups de feu pour obtenir les jours printaniers et ensoleillés pour moi, pour Seriojka et Nionschka et pour tous ceux qui regardent le printemps avec des yeux vieux vidés par les pleurs.
Et parce que je veux vivre, parce qu’il n’existe pas d’autre moyen de faire cela plus simplement et plus facilement – mon amour pour la vie me conduit à la bataille. »
"Je veux vivre", A.S. Neverov
Tags : j’ai, –, deux, printemps, vivre
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