• Vingt-quatre heures

     

    Vingt-quatre heures s’étaient écoulées.
     J’avais annulé ma causerie à la Chambre de Commerce de Palm Springs.

     Il pleuvait, et la pluie dégoulinait du plafond percé en faisant entendre sa lancinante musique : splaf, splaf, splaf, spleûf, splaf, splaf, splaf, spleûf, splaf, splaf, splaf, spleûf…

     Le saké me tenait chaud. Façon de causer, car je n’étais pas loin d’avoisiner le degré zéro. J’ai cinquante-cinq ans et je n’ai jamais réussi à me protéger de la pluie. Sa vie durant, mon père n’a cessé de me répéter que je finirais, pris à mon propre piège, dans l’arrière-cour d’une maison qui ne m’appartiendrait pas et, comble de malchance, au fin fond de l’Arkansas. Il n’est pas dit que je n’y
    arriverai pas. Les Greyhound roulent tous les jours. Par bonheur, le bus me constipe, et on y trouve toujours un barbu cradingue, made in England, qui vous ronfle aux oreilles. Moyennant quoi, mieux valait ne pas lâcher le dossier Céline.

    "Pulp" Charles Bukowski

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