• Voyez qu'en France

     

    Voyez qu'en France, on sait encore se distraire... Sur la question du casse-poitrine, il est donc absolument officiel, tangible, palpable, que le Français ne craint personne... Il se démontre au chronomètre à plein comptoir, à la bonbonne, à la péniche, aux litres, au récipient qu'on
    désire, l'universel champion de vinasse!... foudroyant, imbattable et de très loin!... Lecteur piteux, c'est possible, mais insurpassable
    alcoolique! Il n'est même pas question de rivaliser... Qui veut le verre ? Même l'Anglais qu'on cite parfois comme un fier ivrogne, à l'épreuve, n'existe pas. Quel bluff! quelle prétention! C'est bien simple, aucun nordique, aucun nègre, aucun sauvage, aucun civilisé non plus n'approche et de très loin le Français, pour la rapidité, la capacité de pompage vinassier. Seule la France pourrait battre ses propres records de vinasse, ses descentes de picton. Ce sont d'ailleurs à peu près les seuls records qu'elle puisse battre. Mais dans cette épreuve "Hors Concours", "Prima Classa". Aux autres sports, de muscles, de souffle, le Français se ménage, il se réserve... Il ne se montre jamais très ardent, très en train. Lui si brillant dans la vie, sur les stades il ne brille plus... Que le Français haïsse la lecture ? Cela peut fort bien se comprendre, se défendre et même devenir à tout prendre une aimable originalité... Qu'il préfère le bavardage aux textes, la rhétorique labiale aux déchiffrages de paragraphes... Et
    pourquoi pas ?. . Où est le mal ? Mais qu'il se démontre, sans faiblir jamais, en toute occasion, où on le met en ligne, et depuis 50 ans bientôt, aussi platement, infailliblement galette, infantile, en n'importe quel sport, la rigolade des stades de l'univers à vrai dire, ceci pour être une originalité aussi, n'est pas moins tenacement humiliant. Cette énorme, infinie quantité de vestes sportives trouble un peu l'assurance, la naturelle jactance du peuple français. Pour une fois devant toutes ces défaites aussi régulières qu'imposantes, qu'immanquables, ses maîtres ergotent un petit peu, les masses se méfient... se troublent... méditent... Mais pourquoi méditer ?... La réponse est là, tout à fait éclatante, elle coule à pleins bords, si j'ose dire: Vinasse!...
    Ce préambule n'est pas vain, il nous met en présence d'un autre petit roi de France, monarque à son tour, secondaire, suzerain, vizir fidèle du grand roi juif... vieux preux lui-même, chevronné, de l'abrutissement des masses, par le zinc, le bavardage et le jus de grappe à la chimie... Le Roi Bistrot, possède, lui aussi, tous les droits, par accord politique absolument intangible, à l'immunité complète, au silence total, à tous les encouragements, pour l'exercice de son formidable trafic d'empoisonneur et d'assassin... Rien ne peut le troubler: la presse, la radio, les Préfets, l'Etat entier lui sont, pour son négoce, entièrement soumis, à ses ordres, empressés, effrénés à mieux e servir... Les deux lions rugissants de la publicité contemporaine au-dessus de tous les autres fifres, sont Cinéma l'abrutisseur et Vinico l'empoisonneur. Effleurer les abracadabrants privilèges de la vinasse, voici le seul crime en France rapidement châtié... La France est entièrement vendue, foie, nerfs, cerveau, rognons aux grands intérêts vinicoles. Le vin poison national!... Le bistrot souille, endort, assassine, putréfie aussi sûrement la race française que l'opium a
    pourri, liquidé complètement la race chinoise... le haschisch les Perses, la coca les Aztèques...

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