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    En ces temps merveilleux où la Théologie
    Fleurit avec le plus de sève et d'énergie
    On raconte qu'un jour un docteur des plus grands,
    - Après avoir forcé les coeurs indifférents ;
    Les avoir remués dans leurs profondeurs noires ;
    Après avoir franchi vers les célestes gloires
    Des chemins singuliers à lui-même inconnus,
    Où les purs Esprits seuls peut-être étaient venus, -
    Comme un homme monté trop haut, pris de panique,
    S'écria, transporté d'un orgueil satanique :
    " Jésus, petit Jésus ! je t'ai poussé bien haut !
    Mais, si j'avais voulu t'attaquer au défaut
    De l'armure, ta honte égalerait ta gloire,
    Et tu ne serais plus qu'un foetus dérisoire ! "

    Immédiatement sa raison s'en alla.
    L'éclat de ce soleil d'un crêpe se voila ;
    Tout le chaos roula dans cette intelligence,
    Temple autrefois vivant, plein d'ordre et d'opulence,
    Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui.
    Le silence et la nuit s'installèrent en lui,
    Comme dans un caveau dont la clef est perdue.
    Dès lors il fut semblable aux bêtes de la rue,
    Et, quand il s'en allait sans rien voir, à travers
    Les champs, sans distinguer les étés des hivers,
    Sale, inutile et laid comme une chose usée,
    Il faisait des enfants la joie et la risée.

    C. Baudelaire *

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  • Je suis issu d’une race qu’ont illustrée une imagination vigoureuse et des passions ardentes. Les hommes m’ont appelé fou ; mais la Science ne nous a pas encore appris si la folie est ou n’est pas le sublime de l’intelligence, — si presque tout ce qui est la gloire, si tout ce qui est la profondeur, ne vient pas d’une maladie de la pensée, d’un mode de l’esprit exalté aux dépens de l’intellect général.

    Edgar Allan Poe

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