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    "Si nous n'étions pas aveuglés par la sotte habitude, nous nous apercevions que le corps humain n'est vraiment sain et beau que dans sa nudité"

     

     

     

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  • "Vous me croyez peut-être morte, je ne le suis pas encore"

    Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand, tint un salon où la mondanité tempérait l'intellectualité. Elle échangeait avec Voltaire, son ami et complice de longue date, des lettres élégantes et facétieuses. Lorsqu'elle recevait une lettre brillante, envoyée par le philosophe qui s'était fixé à la frontière suisse, la marquise la diffusait dans le tout-Paris de l'époque et l'expédiait même parfois à Londres. Mais le plus inattendu de cette correspondance vient de l'âge des protagonistes : ils ont dépassé la soixantaine et savent plaisanter de la vieillesse, de la souffrance et même de la mort.

    A Voltaire - 1er avril 1772
    (...) Mais, mon cher Voltaire, je ne me soucie plus de rien; il n'y a de différence d'une automate à moi, que la possibilité de parler, la nécessité de manger et de dormir qui sont pour moi la cause de mille incommodités.
    Je voudrais savoir pourquoi la nature n'est composée que d'êtres malheureux; car je suis persuadée qu'il n'y en a pas un seul de véritablement heureux. Et j'en suis si convaincue que je n'envie le sort ni l'état de personne ni d'aucune espèce d'individus,  quels qu'il puissent être, depuis l'huître jusqu'à l'ange. Mais bientôt nous serons l'un et l'autre, quoi? que serons-nous? Vous ne serez plus vous, vous y perdrez beaucoup; je ne serai plus moi, je n'y peux que gagner. Mais encore une fois que serons-nous? Si vous le savez, dites-le-moi, et si vous ne le savez pas, n'y pensons plus ... (*)

    A la marquise du Deffand - 15 mars 1769
    (...) Voici un petit ouvrage contre l'athéisme, dont une partie est édifiante et l'autre un peu badine; et voici, en outre, mon testament que j'adresse à Boileau.
    J'ai fait ce testament étant malade, mais je l'ai égayé selon ma coutume; on meurt comme on a vécu. (...) Tout gai que je suis, il y a des choses qui me choquent si horriblement que je prendrai congé sans regret. Vivez, Madame, avec des amis qui adoucissent le fardeau de la vie, qui occupent l'âme et qui l'empêchent de tomber en langueur. Je vous ai déjà dit que j'avais trouvé un admirable secret c'est de me faire lire et relire tous les bons livres à table, et d'en dire mon avis. Cette méthode rafraîchit la mémoire et empêche le goût de se rouiller, mais on ne peut user de cette recette à Paris; on y est forcé de parler à souper de l'histoire du jour; et quand on a donné des ridicules à son prochain, on va se coucher. Dieu me préserve de passer ainsi le peu qui me reste à vivre! (...) V. *

     

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    Attention

    A longs filets de sang ce lamentable corps
    Tire du lieu qu'il fuit le lien de son âme,
    Et séparé du coeur qu'il a laissé dehors,
    Dedans les forts liens et aux mains de sa dame,
    Il s'enfuit de sa vie et cherche mille morts.

    Plus les rouges destins arrachent loin du coeur
    Mon estomac pillé, j'épanche mes entrailles
    Par le chemin qui est marqué de ma douleur.
    La beauté de Diane ainsi que des tenailles
    Tirent l'un d'un côté, l'autre suit le malheur.

    Qui me voudra trouver détourne par mes pas,
    Par les buissons rougis, mon corps de place en place,
    Comme un vaneur baissant la tête contre bas
    Suit le sanglier blessé aisément à la trace,
    Et le poursuit à l'oeil jusqu'au lieu du trépas.

    Diane, qui voudra me poursuivre en mourant,
    Qu'on écoute les rocs résonner mes querelles,
    Qu'on suive pour mes pas de larmes un torrent,
    Tant qu'on trouve séché de mes peines cruelles
    Un coffre, ton portrait, et rien au demeurant.

    Les champs sont abreuvés après moi de douleurs,
    Le souci, l'encolie, et les tristes pensées
    Renaissent de mon sang et vivent de mes pleurs,
    Et des cieux les rigueurs contre moi courroucées
    Font servir mes soupirs à éventer ses fleurs.

    Un bandeau de fureur épais presse mes yeux
    Qui ne discernent plus le danger ni la voie,
    Mais ils vont effrayant de leur regard les lieux
    Où se trame ma mort, et ma présence effraie
    Ce qu'embrassent la terre et la voûte des cieux. [...]

    Théodore Agrippa d' AUBIGNÉ   (1552-1630) *

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