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    Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Et bien, reste pur ! A quoi cela servira-t-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je les ai plongés dans la merde et dans le sang.

    Les Mains sales de Jean-Paul Sartre *

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  • Bien sûr, ce livre va se vendre... La critique va se l'arracher... J'ai fait les questions, les réponses... Alors ?... Je crois bien que j'ai tout prévus... Elle pourra chier tant qu'elle voudra, la Critique... Je l'ai conchiée bien plus d'avance ! Ah ! Je l'emmerde, c'est le cas de le dire ! C'est la façon ! J'aurais forcément le dernier mot ! En long comme en profondeur... c'est la seule manière. J'ai pris toutes mes précautions. Mais la critique c'est pas grave, c'est bien accessoire... Ce qui compte c'est le lecteur ! C'est lui qu'il faut considérer... séduire. Je le connais Français moyen, regardant, objectif, vindicatif.... Il en veut plus que pour son plâtre... dès qu'il ne s'agit plus d'un Juif... Et je n'ai pas sa cote d'amour !... Je vais donc lui donner bon poids. Je vais le gâter décidément. Je vais ajouter quelques chapitres... une dizaine... que ça représente un vrai volume... Je vais faire un peu de Braedecker... C'est la mode, c'est les Croisières... C'est susceptible de la fasciner... le genre "Magazine des Voyages"... Vous souvenez-vous?`... Ah ! Le bien bel illustré !... chatoyant et tout ! Divertissant au possible... ravissant de lecture... aimable... pittoresque... pimpant... Je vais reprendre ce principe... aux magies de "Michel Strogoff"... Je veux terminer ce gros et furieux ouvrage en grande courtoisie... Le coup de chapeau... le panache... Grande salutation. Je vous prie !... de ma plume immense, esbouriffée, je frôle le tapis... Grande parabole ! Je vous présente mes devoirs... Grande révérence... Grande féerie... Je vous salue !... Votre serviteur !...

     
    "Bagatelles pour un Massacre"  Louis-Ferdinand Céline *
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  • La vraie piste de danse, c'est l'œil de celui qui ne danse pas, l'œil exorbité de tous ceux que tu décourages.

    Daniel Pennac *

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