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Après Jésus, Hitler
Par Cruella dans La tendresse, c'est seulement de la cruauté qui se repose le 21 Novembre 2021 à 09:00Ma décision est prise: après Jésus, Hitler. L'ombre succède à la lumière. Pour avoir étudié la tentation de l'amour dans L'Evangile selon Pilate, je me dois d'approcher désormais la tentation du mal. Puisque c'est dans l'humain et non en dehors de l'humain qu'on lieu et Jésus et Hitler, mon humanisme n'existera qu'au prix de cette double poursuite. Il ne s'agit pas de ma faire plaisir, il me faut comprendre. Après ce qui m'attire, je vais décrire ce qui me repousse.
L'erreur que l'on commet avec Hitler vient de ce qu'on le prend pour u individu exceptionnel, un monstre hors norme, un barbare sans équivalent. Or, c'est un être banal. Banal comme le mal. Banal comme toi et moi. Ce pourrait être toi, ce pourrait être moi. Qui sait d'ailleurs si, demain, ce ne sera pas toi ou moi? Qui peut se croire définitivement à l'abri? A l'abri d'un raisonnement faux, du simplisme, de l'entêtement ou du mal infligé au nom de ce qu'on croit le bien?
Aujourd'hui, les hommes caricaturent Hitler pour se disculper eux-même. La charge est inversement proportionnelle à la décharge. Plus il est différent, moins il leur ressemble. Tous leurs discours reviennent à crier "ce n'est pas moi, il est fou, il a le génie du mal, il est pervers, bref il n'a aucun rapport avec moi". Dangereuse naïveté. Angélisme suspect.
Tel est le piège définitif des bonnes intentions. Bien sûr, Hitler s'est conduit comme un salaud et a autorisé des millions de gens à se comporter en salauds, bien sûr, il demeure un criminel impardonnable, bien sûr, je le hais, je le vomis, je l'exècre, mais je ne peux pas l'expulser de l'humanité. Si c'est un homme, c'est mon prochain, pas mon lointain.
Journal (La part de l'autre) Eric-Emmanuel Schmitt
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Tags : hitler, moi, jesus, bien, mal
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