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     Combien plus saisissant cet alchimiste en extase devant le cercle kabbalistique autour duquel sont tracés des caractères mystérieux qui commentent le Sepher ou le Zohar, qui révèlent l'heure et le jour où s'accomplira le Grand Œuvre !
    N'est-ce point un Juif encore que ce docteur Faust dont le visage émerge à peine de l'ombre intense? On voit dans ces ténèbres animées, dans ces ténèbres à la Rembrandt, voltiger des atomes lumineux.
    Ce silence est bien celui dont parle Fromentin, « ce silence qui n'est point la cessation de tout bruit, mais le commencement au contraire de ces bruits indéterminés que l'âme perçoit seule, » On entend penser cet homme si parcheminé, si desséché, si ossifié qu'il parait à demi mort et qui, par la fenêtre ouverte, interroge le ciel pour y chercher l'étoile d'Israël, l'astre qui doit se lever du côté de la Chaldée après tant d'années d'attente.

    Le médecin Ephraïm Bonus, appuyant sa main sur la rampe de l'escalier, dit ces choses d'une autre façon. Coiffé d'un large feutre, vêtu de l'habit de tout le monde, il a vraiment l'allure honnête de quelqu'un qui ne va plus au sabbat tous les soirs, il ressemble plus au Germain Sée d'Yvon qu'à un faiseur de philtres du moyen âge et il semble murmurer lui aussi un ça ira satisfait.
    Tout allait mieux en effet pour les Juifs. En Angleterre, ils avaient trouvé l'homme qu'ils aiment, le "Schilo", le faux Messie, le chef exclusivement terrestre qui, ne s'appuyant sur aucun droit traditionnel, est bien forcé d'avoir recours à la force secrète que détiennent les Juifs (1).Cromwell, soutenu par la Franc-maçonnerie puissante déjà mais très occulte et très discrète encore (2), avait été le protecteur zélé des juifs et s'était, efforcé de faire lever l'arrêt de proscription qui pesait sur eux.
    On a affirmé que le droit de séjour leur avait été formellement accordé à cette époque, le Dr Tavey dans son « Anglica judaïca » nie le fait. Dans son curieux livre sur « Moses Mendelssohn » et sur la réforme politique des Juifs en Angleterre, Mirabeau, qui fut l'homme des Juifs comme Gambetta, raconte ainsi les négociations qui s'engagèrent à ce sujet.

    La haine du papisme qui prévalait alors, ou plutôt qui déployait d'autres fureurs, avait inspiré des dispositions favorables pour les Juifs. Il se fit plusieurs motions parlementaires en leur faveur et si aucune ne fut suivie de succès, elles encouragèrent du moins les juifs d'Amsterdam à faire quelques propositions pour former un établissement de leur nation en Angleterre.
    On entra en négociation et Manassé Ben Israël fut choisi pour traiter des conditions. Ce vénérable rabbin vint en Angleterre et détermina Cromwell à prendre en très sérieuse considération les demandes qu'il fit au nom de ses frères.
    Alors le Protecteur appela dans son conseil deux juges, sept citoyens et quatorze ecclésiastiques. Il leur demanda s'il était licite de réadmettre les juifs en Angleterre, et dans le cas où ils tinssent pour l'affirmative, sous quelles conditions cette nation devrait être rappelée ? Quatre jours se consumèrent en disputes inutiles de la part des ministres du Saint Evangile et Cromwell les congédia en leur disant qu'ils le laissaient beaucoup plus incertain qu'ils ne l'avaient trouvé.
    On ignore le résultat des délibérations particulières du Protecteur. Quelques écrivains à la vérité déclarent positivement qu'il accorda aux juifs la permission de s'établir en Angleterre, mais d'autres soutiennent que cette permission ne leur fut donnée que sous le règne de Charles II, dans l'année 1664 ou 1665.

    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 22)

     

     

    ________________

    (1) Le spectacle de ce terrible sectaire, faisant périr son roi sous la hache, paraît avoir vivement frappé l'imagination des Juifs, qui, même dans les plus lointains pays, étaient parfaitement informés de ce qui se passait en Europe.

    « Une députation singulière, écrit Léon Halévy dans son résumé de 1'Histoire des Juifs, arriva vers Cromwell du fond de l'Asie. C'étaient quelques Juifs, conduits par un célèbre rabbin d'Orient, Jacob Ben Azabel,qui venaient s'assurer si Cromwell n’était pas le Messie. Ils obtinrent plusieurs audiences du Protecteur, et lui firent la proposition qu'il repoussa d'acheter tous les livres et manuscrits hébraïques de l'université de Cambridge. Comme ils ne cachèrent pas assez le but principal de leur mission, on les renvoya de Londres, où le simple soupçon que Cromwell put être juif avait produit de l'agitation parmi le peuple. »
    (2) Les Juifs furent d'aussi impitoyables ennemis de la maison des Stuart, que de la maison de Bourbon. Ce fut un juif d'Amsterdam qui aida Guillaume d'Orange à détrôner son beau-père. « Guillaume, prince d'Orange, préparait son expédition contre Jacques d’ d'Angleterre et cherchait avec anxiété où il trouverait les fonds nécessaires pour équiper sa flotte et mener à bien ses projets de guerre contre les Anglais, lorsqu'un Israélite d'Amsterdam lui fit demander audience.
    « Quand ce citoyen nommé Schwartzau, fut admis devant le prince, il lui dit: Monseigneur, vous avez besoin d'argent pour accomplir votre projet : Voici deux millions que je vous apporte : si vous réussissez, vous me les rendrez, si vous échouez, nous sommes quittes. » (Matinées du Samedi, livre d'éducation morale et religieuse à l'usage de la jeunesse israélite, par Ben Levi.)


     

     

     

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    La destinée de cette race en effet est singulière : seule de toutes les races humaines elle a le privilège de vivre sous tous les climats et, en même temps, elle ne peut se maintenir, sans nuire aux autres et sans se nuire à elle même, que dans une atmosphère morale et intellectuelle spéciale.
    Avec son esprit d'intrigue, sa manie d'attaquer sans cesse la religion du Christ, sa fureur de détruire la foi des autres qui contraste si étrangement avec son absence de tout désir de convertir les étrangers à la sienne, le Juif est exposé dans certains pays à des tentations auxquelles il succombe toujours, c'est de qui explique la perpétuelle persécution dont il est l'objet.

    Dès qu'il a affaire à ces grandes cervelles d'Allemands avides de systèmes et d'idées, à ces esprits français épris de nouveautés et de mots, à ces imaginations de Slaves toujours en quête de rêves, il ne peut se contenir, il invente le socialisme, l'internationalisme, le nihilisme, il lance sur la société qui l'a accueilli des révolutionnaires et des sophistes, des Herzen, des Goldeberg, des Karl Marx, des Lassalle, des Gambetta, des Crémieux, il met le feu au pays pour y faire cuire l'oeuf de quelques banquiers et tout le monde se réunit à la fin pour le pousser vers la porte.
    Sur les têtes solides d'Anglais et de Hollandais, au contraire, le Juif ne peut rien. Il sent d'instinct, avec son nez qui est long, qu'il n'y a rien à tenter sur ces gens attachés à leurs vieilles coutumes, fermes dans les traditions qu'ils ont reçues de leurs aïeux, attentifs à leurs intérêts. Il se contente de proposer des affaires que les indigènes discutent minutieusement et qu'ils font quand elles sont bonnes mais il ne raconte pas d'histoires, il ne dit pas aux fils que leurs pères étaient d'affreuses canailles ou des serfs abjects, il ne les invite pas à brûler leurs monuments, il ne fait là ni emprunt frauduleux, ni Commune ; il est heureux, et les autres aussi.
    Cette petite Hollande, industrieuse et commerçante, étrangère elle-même à cet idéal chevaleresque qui est si antipathique aux fils de Jacob, fut vraiment le berceau du juif moderne. Pour la première fois Israël connut là, non point le succès éclatant qui grise le Juif et qui le perd, mais le calme de longue durée, la vie régulière et normale (1).

    C'est Rembrandt qu'il faut, je ne dis pas regarder mais contempler, étudier, scruter, fouiller, analyser si l'on veut bien voir le Juif.
    Elève d'Isaackson van Schanenberg et de Jacob Pinas, locataire d'abord puis propriétaire de cette maison de la Joden Breestraet (rue des Juifs), dans laquelle il peignit ses chefs-d’œuvre, Rembrandt vécut constamment avec Israël. Son atelier même, encombré d'objets d'art, véritable capharnaüm d'étoffes et de bibelots, ressemble à ces boutiques de brocanteurs au fond desquelles l'oeil un moment désorienté finit par distinguer un vieillard sordide au nez crochu. Son oeuvre a la couleur juive, elle est jaune de ce jaune ardent et chaud qui semble comme le reflet de l'or jouant sur une vieille rouelle du moyen âge oubliée dans un coin.
    « Qu'ils sont parlants ces Juifs de Rembrandt causant d'affaires au sortir de la synagogue, s'entretenant du cours du florin ou du dernier envoi de Batavia, ces voyageurs qui cheminent leur bâton à la main avec des airs de Juifs errants qui sentent qu'ils vont arriver et s'asseoir quelque part(2) !
    Le vingt-quatrième couplet, dans sa triviale naïveté, résume admirablement le caractère du Juif :
    Messieurs, le temps me presse. Adieu la compagnie,
    Grâce à vos petitesses ! Je vous en remercie,
    Je suis trop tourmenté Quand je suis arrêté.
    Je ne vois pas trop ce que les penseurs et les historiens ajouteraient à cette confession sincère. Tourmenté et tourmenteur dès qu'il est installé tranquillement quelque part, tel est le Juif. Il s'arrange toujours pour troubler tellement les nations qui l'ont accueilli, qu'on est bien forcé de le prier de s'en aller.
    On consultera avec intérêt une plaquette imprimée à 50 exemplaires seulement, chez techener, lors de la publication du roman d'Eugène Sue :
    Notice historique et bibliographique sur la légende du Juif errant, par G. B. de B.
    Voir aussi un tirage à part d'une étude publiée dans l’Encyclopédie des sciences religieuses : « le Juif errant », par Gaston Paris.

    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 21)

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    (1) Une réaction cependant, semble être en train de se produire là encore, car les juifs finiront par exaspérer les gens les plus paisibles. A Amsterdam, au mois d'octobre 1884, nous racontent les archives israélites,
    le propriétaire du premier café de la ville refuse l'accès de son établissement aux juifs, en s'excusant sur les répugnances de sa clientèle. Un des expulsés, M A. C. Wertbeim chevalier de la Légion d'honneur et officier d'Académie, naturellement puisqu'il est juif et étranger, protesta violemment, mais le propriétaire défendit son droit, et il fut chaleureusement félicité par tout le monde.
    (2) Une apparition du Juif errant eut lieu en 1650 à Bruxelles et Rembrandt put être frappé de ce récit. Les bourgeois qui rencontrèrent l'éternel voyageur le trouvèrent vêtu d'un costume fort délabré, il entra avec eux dans une auberge, il y but nais refusa de s'asseoir. On l'avait vu le 14 janvier 1603 à Lubeck, et la même année à Nuremberg où il assista à un sermon. Matthieu Paris, un des premiers qui ait donné des détails sur ce personnage légendaire, a reproduit le récit qu'un archevêque d'Arménie lui avait fait en présence d'un chevalier d'Antioche. Ce récit diffère de la version populaire en plusieurs points. D'après lui, Cartaphile, portier du prétoire de Ponce- Pilate qui, saisissant le moment où Jésus passait le seuil de la porte, l'aurait frappé avec mépris d'un coup de poing dans le dos en lui criant : « Va donc, jésus, va donc plus vite, qu' attends tu ? » aurait été baptisé et appelé Joseph par Anania, qui baptisa saint Paul, il vivrait ordinairement en Arménie.
    La dernière apparition du Juif errant remonte à 1774. C'est de cette époque que date la gravure populaire que tout le monde connaît : « ornée du portrait dessiné d'après nature par les bourgeois de Bruxelles. »

     

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    Henri IV vit là une excellente occasion de créer des embarras intérieurs à l'Espagne et mit Lopes en relations avec le duc de la Force. La mort du roi rompit les négociations, mais Lopes ne se découragea pas, il s'établit marchand de diamants, « il acheta un gros diamant brut, le fit tailler, cela le mit en réputation, de toutes parts on lui envoya des diamants bruts. Il avait chez lui un homme à qui il donnait huit mille livres par an et le nourrissait lui sixième, cet homme taillait les diamants avec une diligence admirable et avait l'adresse de les fendre d'un coup de marteau quand il était nécessaire. »

    Dans le Roman des amours du duc de Nemours et de la marquise de Poyanne, le duc consulte sur la beauté des parures « un certain Portugais nommé Don Lope qui s'y connaissait mieux que personne. »

    Richelieu, dont le génie a tant de rapports avec celui du prince de Bismarck, avait compris le premier le parti qu'un homme politique pouvait tirer d'une presse qu'il dirigerait et il avait encouragé Renaudot, le créateur du journal en France. Il distingua clairement aussi l'utilité dont pouvaient être ces agents juifs si déliés, si souples, si bien informés qui devaient plus tard comme les Blowits, les Erdan, les Levyson, rendre tant de services au chancelier de fer. Il employa Lopes comme espion, il en fut content, le chargea d'une négociation relative à des vaisseaux en Hollande et au retour il le fit conseiller d'Etat ordinaire.
    Le type ne perd jamais ses droits. Si on couronnait un Juif empereur d'Occident il trouverait moyen de vendre la couronne de fer. Lopes brocanta dans sa mission et de retour à Paris fit une vente qui fut plus courue encore que celle de Rachel et de Sarah Bernhardt. « En Hollande il acheta mille curiosités des Indes et il fit chez luy comme un inventaire, on criait avec un sergent. C'était comme un abrégé de la foire Saint- germain, il y avait toujours bien du beau monde. »
    Ce Lopes parait cependant avoir été relativement honnête homme. On l'accusait d'être l'espion des deux gouvernements, il fut démontré qu'il n'en servait qu'un seul, ce qui, me murmure à l'oreille un anti-sémite, tendrait à prouver qu'il n'était véritablement pas Juif.
    C'est Ledoux, maître des requêtes, qui avait mis ce mauvais bruit en circulation.

     

    « De fait, dit Tallemant des Reaux, il croyait avoir la conviction entière par le livre de Lopez où il y avait : « Guadamisilles por et senor de Bassompierre tant, de milliers de maravedis, » et autres articles semblables. Lopez pria M. de Rambouillet (le voir ce bon Maistre des requestes. Le Maistre des requestes lui dit : Monsieur, il n'y a rien de plus clair, guadamasilles, etc. M. de Rambouillet se mit à rire : « Hé monsieur, luy dit- il, ce sont des tapisseries de cuir doré qu'il a fait venir d'Espagne pour M. de Bassompierre. »
    Richelieu semble avoir traité son conseiller d'Etat comme on traiterait un Braün ou un Castagnary.
    Le cardinal de Richelieu, raconte encore Tallemant, pour se divertir, un jour que Lopes revenait de Ruel avec toutes ses pierreries que le cardinal avait voulu voir exprès, le fit attaquer par de feints voleurs qui pourtant ne luy firent que la peur. Il y allait de tout son bien, aussi la peur fut-elle si grande qu'il fallut changer de chemise au pont de Neuilly, tant sa chemise était gastée. Le chancelier dans le carrosse duquel il était dit qu'il se présenta assez hardiment aux voleurs. Le cardinal eut du déplaisir de lui avoir fait ce tour-là, car il avait joué à faire mourir ce pauvre homme et pour raccommoder cela il le fit manger à sa table.
    Ce n'était pas un petit honneur.
    On n'épargnait guère, d'ailleurs, les plaisanteries à Lopez.

     

    Un jour l'abbé de Cercey et Lopez faisaient des façons à qui passerait le premier. Allez donc, Lopez, dit Chasteller, maître des requêtes (ce corps décidément n'aimait pas les Juifs), l'Ancien Testament va devant le Nouveau.
    Un autre jour il demandait un prix excessif d'un crucifix. - Hé, lui dit-on, vous avez livré l'original à meilleur marché.
    En dépit des railleurs, Lopez, à force de cumuler les métiers divers, n'en arriva pas moins à une fortune considérable qu'il affichait avec le mauvais ton de ses pareils. Il avait six chevaux de carrosse, « et jamais carrosse ne fut tant de fois au-devant des ambassadeurs que celui-là.
    Il possédait une assez belle maison dans la rue des Petits Champs et répétait sans cesse: « Il y a une quantité immense de cheminées dans mon logis. »
    En quoi cette phrase sur laquelle s'esclaffent les contemporains est-elle étonnante? Telle est la réflexion qui viendra à chacun et cet étonnement même indique bien le chemin parcouru de la société polie, raffinée, bien élevée d'alors à la société brutale et grossière d'aujourd'hui.
    De nos jours le sentiment de certaines nuances délicates est émoussé même chez les chrétiens. Personne n'est surpris lorsque le baron Hirsch, ayant à sa table des gens qui ont la prétention de représenter le faubourg Saint Germain
    dit tranquillement à ses convives au moment où l'on sert les fraises en janvier :' « Ne vous gênez pas pour en manger tant que vous voudrez, cela coûte cher, mais je n'y regarde pas (1). »

     

    Juif ou non, Lopez, qui s'éteignit à Paris le 29 octobre 1649, vécut et mourut en catholique, il fut enterré à Saint Eustache et sur le marbre de son tombeau on mit l'inscription suivante
    « Natus ïber, vizit Gallus, legemque secutus, Auspice nunc Christo, mortuus astra tenet ».
    C'est le maréchal de la Ferté qui acheta la maison de Lopez, comme en témoigne ce passage de Loret.
    « Le maréchal de la Ferté, Durant la saison de l'été,
    Des villes pour le Roy conqueste Et pendant l'hiver il acqueste,
    A ce qu'on m'a dit aujourd’huis, Des logis dans Paris pour luy, Achetant celui de feu Lope,
    Non pas le plus beau de l'Europe Mais bien baste, commode et tel Qu'il peut passer pour un hôtel.

    Si le Juif ne pouvait se faire accepter en France qu'en reniant énergiquement son origine, il avait cessé ailleurs d'être le plus qu'un asile, un terrain favorable où tous ses défauts fussent impuissants à se développer, où ses qualités puissent se donner carrière.


    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 20)

     ______________

    (1)   C'est encore Hirsch qui, après diner, disait à Lavisse,professeur d'histoire à la Sorbonne, agrégé de l'Université, qui avait consenti à donner des répétitions d'histoire à son fils : « Prenez moi ce cigare, vous n'en fumez pas comme cela chez vous, cela me coûte vingt-cinq sous. »
    Lavisse eut plus de dignité que les gens du monde et au bout de quinze jours il quitta la maison.     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Louis XII avait étendu aux pays nouvellement réunis à la France l'édit définitif d'expulsion de Charles VI, ce qui contribua sans doute à lui faire donner le surnom de Père du peuple. La Réforme même resta en France militaire, plus désintéressée qu'ailleurs de toute spéculation financière, c'est-à-dire étrangère à tout élément juif.

    Quelques Juifs seulement, chassés d'Espagne, arrivèrent alors à prendre pied à Bordeaux, mais avec quelles précautions ils durent agir, quels déguisements ils furent obligés de revêtir. Nous parlerons plus loin de cette intéressante colonie qui, du moins, paya son hospitalité à la France, puisque c'est à elle que nous devons Montaigne. Constatons seulement ici que les nouveaux venus ne se présentèrent aucunement comme Juifs et qu'ils ne firent pendant cent cinquante ans au moins aucun exercice de leur religion.
    Les lettres patentes d'Henri II autorisant le séjour furent délivrées non à des Juifs mais à de nouveaux chrétiens.

    Quelques-uns essayèrent encore d'entrer d'un autre côté et, en 1615, on dut renouveler les édits portés contre eux, mais les Juifs, sous la minorité de Louis XIII, n'en revinrent pas moins en France en assez grand nombre. Ils avaient à la Cour un puissant protecteur. Concini était environné de Juifs. La Galigaï passait pour être Juive d'origine. « Elle vivait constamment, dit Michelet, entourée de médecins juifs, de magiciens et comme agitée de furies. Quand elle souffrait de la terrible névrose particulière à la race, Elie Montalte, un Juif encore, tuait un coq et le lui appliquait sur la tête.

    Concini pillait tout, trafiquait, tripotait. La France était en pleines mains juives. Ce tableau ne semble-t-il pas contemporain ? Que fut Gambetta, en effet, si ce n'est, en bien des points du moins, une seconde incarnation de Concini ? Sous le ministère de Farre, on distribuait dans les casernes une brochure intitulée : le Général Gambetta. Ce général de la parole ne vous fait-il pas souvenir de ce comte della Penna (comte de la Plume), de ce maréchal d'Ancre qui n'avait jamais tiré l'épée?

     Notre Concini à nous a pu malheureusement faire tout le mal qu'il a voulu sans avoir trouvé de Vitry. La France n'enfante plus d'hommes comme ce vaillant qui, tranquillement, son épée sous le bras, avec trois soldats aux gardes pour toute compagnie, s'en vint barrer le passage, sur le pont du Louvre, à l'aventurier orgueilleux qui s'avançait suivi d'une escorte nombreuse comme un régiment. - Halte-là!- Qui donc ose me parler ainsi, à moi? Et comme le drôle étranger ajoutait un geste à ces paroles, Vitry, l'avant bien ajusté, lui cassa la tète d'un coup de pistolet.

    Puis il entra chez le Roi et dit : C'est fait. - Grand merci,mon cousin, répondit Louis XIII à l'humble capitaine, que son courage, ainsi qu'on le voit encore en Espagne, venait de faire le parent du Roi, vous êtes maréchal et duc et je suis heureux de vous saluer le premier de votre nouveau titre.

    Par la fenêtre, une grande rumeur arrivait en même temps, c'était Paris qui, enfin vengé de tant de hontes subies, battait frénétiquement des mains.

    Aujourd'hui, l'industrie a encore des chevaliers et la Bourse des barons, mais l'héroïsme ne fait plus de maréchaux ni, de ducs. Les Juifs étrangers peuvent tout se permettre chez nous, nul Vitry ne tirera l'épée pour arrêter les oppresseurs de sa patrie. Je connais cependant à Paris un pont, au bout d'une place célèbre, où un colonel qui aurait du poil au menton pourrait gagner un titre plus beau que celui que le hardi capitaine des gardes gagna le 24 avril 1617, sur le pont du Louvre.

    Concini à peine tué, on intima l'ordre aux Juifs qui, avec leur activité ordinaire, avaient déjà constitué comme une petite synagogue chez un membre du Parlement, de disparaître immédiatement.

    Le seul Juif un peu en évidence, dont on trouve trace à Paris à cette époque, est Lopez. Mais Lopez était-il bien Juif ? Il s'en défendait du moins comme un beau diable et protestait qu'il était Portugais ou tout au moins Mahométan, il mangeait du porc tous les jours au point de s'en rendre malade pour dépister les soupçons.

    Malgré toutes les dénégations du pauvre Lopes, je crains bien qu'il n'ait été de la race. Bibelotier, marchand de diamants, banquier, agent politique, finalement conseiller d'État, n'a-t-il pas l'air d'un vrai gouvernant d'aujourd'hui ?

    Il y a en lui comme un mélange de Proust' et de Bischoffsheim.

    « Lopes et quelques autres comme lui, nous dit Tallemand des Reaux qui s'est fort égayé sur le personnage, vinrent en France pour traiter quelque chose pour les Moresques dont il estait ».

     

     

     

    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 19)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • L'oeuvre de dissolution de la société chrétienne, entreprise par le protestantisme, fut malgré tout profitable au Juif. Elle fut pour lui l'occasion de s'affranchir, du moins en Allemagne, de cette interdiction de l'usure grâce à laquelle l'Eglise, avec une maternelle sollicitude, protégea pendant des siècles la fortune de l'Aryen travailleur et naïf contre les convoitises du Sémite astucieux et cupide. Un sermon de l'époque cité par Janssen explique admirablement la situation.
    Quels maux ne produit pas l'usure? Rien n'y fait! Comme chacun voit que les grands usuriers du commerce deviennent riches en peu de temps, tout le monde veut aussi s'enrichir et tirer un rand profit de son argent. L'artisan, le paysan porte son argent à une société ou à un marchand, ce mal n'existait pas jadis, il n'est devenu général que depuis dix ans. Ils veulent gagner beaucoup et souvent ils perdent tout ce qu'ils avaient.
    Le tableau de cette époque de transition, dit M. de Bréda (1), n'est pas moins curieux à étudier par son analogie avec ce qui se passe de nos jours : « On perdait le goût du travail, on cherchait les affaires qui rapportaient beaucoup en donnant peu de peine. Le nombre des boutiques et des cabarets augmentait incroyablement jusque dans les campagnes. Les paysans s'appauvrissaient et se voyaient contraints de vendre leurs
    biens, les artisans sortaient des corporations et, dénués de leur salutaire protection, tombaient dans la misère. Trop de gens à la fois se jetant dans les mêmes affaires de spéculation, la plupart échouaient et formaient un prolétariat irrité. La richesse augmenta rapidement pour quelques-uns, la masse s'appauvrit. »
    Sans doute les Juifs s'agitèrent et tâtèrent le sol du côté de la France. Il a bien l'air d'un, agent juif, ce Corneille Agrippa, professeur de sciences occultes, mêlé à toutes les intrigues de son, temps, parlant par énigmes, allant sans cesse de Nuremberg à Lyon, et de Lyon en Italie, faisant des conférences sur le de « Verbo mirifico » de Reuchlin. Les moines ne se trompaient guère en accusant de Judaïsme l’Her Trippa de Pantagruel, ce Cagliostro du XVI eme siècle qui, toujours suivi de son chien noir, errait partout en colportant de singulières paroles.
    En Provence, nous trouvons cette étrange figure de Nostradamus assis sur son trépied d'airain et interrogeant la Kabbale sur l'avenir de sa race, se demandant parfois si sa science n'était pas vaine et si la lueur qu'il apercevait était bien l'aurore d'une renaissance :

    Etant assis de nuit secrète étude,
    Seul reposé sur la celle d'airain,
    Flamme exiguë sortant de solitude
    Fait espérer que n'est à croire vain.

    Au courant du travail mystérieux auquel se livrent les siens, il prédit, avec une précision qui étonne aujourd'hui, les terribles événements qui s'accompliront à la fin du XVIII eme siècle et qui feront sortir Israël de sa tombe.
    Au révolu du grand nombre septième Apparaîtra un temps jeune d'hécatombe,
    Non éloigné du grand âge millième,
    Les enterrés sortiront de leur tombe.

    Le prophète de Salons était, d'ailleurs, d'une tribu dans laquelle s'est perpétué longtemps le don de prophétie.
    Nostradamus, écrit le savant Haitze dans son livre : la Vie et le Testament de Nostradamus, était provençal, sorti d'une famille noble, quoique Pitton ait voulu dire le contraire dans sa Critique des écrivains de Provence. Cette famille était néophyte, elle fut ainsi comprise dans la célèbre taxe qui fut faite en 1502 sur ces sortes de famille de cette province. C'est en l'article de celles qui habitaient la ville de Saint Remi. Sa tribu
    était d'Issachar renommée pour le don de la science du temps sur les personnes de laquelle il avait été plus particulièrement répandu.
    Nostradamus, qui n'ignorait pas son extraction, s'en glorifiait, en faisait parade. Voir ce qui est dit au 32 eme verset du 12 eme chapitre des
    « Paralipomènes » qui porte que ceux d' Issachar étaient des hommes expérimentés capables de discerner et de remarquer tous les temps.
    L'heure en tout cas n'était pas propice encore pour Israël.

    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 18)
    ________________

    (1) L'économie politique dans ses rapports avec la loi morale.

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