• Il n'y a pas de médaille sans revers

     

    Il n'y a pas de médaille sans revers et de victoire sans inconvénients. La conquête de l'Alsace avait, elle aussi, apporté à la France une quantité considérable de Juifs dont elle se serait bien passée.
    Très nombreux en Alsace, les Juifs y étaient fort durement traités. Ils dépendaient non du souverain directement mais des seigneurs qui, cependant, par un contraste singulier, avaient le droit de les recevoir et non de les expulser. Ils devaient payer, outre le droit d'habitation, montant d'ordinaire à 36 livres par an, un droit de réception fixé à peu près à la même somme, ils étaient, en outre, assujettis à des droits de péage. A la suite d'une sédition qu'ils avaient excitée en 1349, ils n'avaient pas la faculté de séjourner à Strasbourg et payaient un impôt toutes les fois qu'ils entraient dans la ville. La réunion de Strasbourg à la France améliora un peu leur situation. A partir de
    1703, dit M. A. Legrelle dans son livre Louis XIV et Strasbourg, les autorités françaises insistèrent pour qu'on se relâchât de ces antiques usages parce que des marchands israélites avaient accepté d'elles la charge de fournitures militaires. La guerre finie, le Sénat dut tolérer encore, pour les mêmes motifs, un fournisseur appartenant à la confession proscrite, Moïse Blien. Ce revirement, dont bénéficia aussi la famille Cerfbeer, attira si bien les Juifs qu'avant 89 on en comptait vingt mille dans le pays, possesseurs de 12 à 15 millions de créances.
    Louis XII avait étendu à la Provence les ordonnances qui expulsaient les Juifs de France, mais beaucoup d'entre eut avaient, dans ces régions, suivi le conseil que leur avaient donné leurs coreligionnaires étrangers, et fait semblant de se convertir. En 1489, au moment où il était question d'une expulsion, Chamorre, rabbin de la Jussion d'Arles, avait écrit au nom de ses frères aux rabbins de Constantinople pour demander ce qu'il fallait faire et avait reçu la lettre suivante datée du 21 décembre 1489 (1)

     

    « Bien aimés frères en Moïse,
    « Nous avons reçu votre lettre par laquelle vous nous signifiez les travers et les infortunes que vous pâtissez. Le ressentiment desquelles nous a autant touché qu'à vous autres. Mais l'avis des plus grands rabbins et satrapes de notre loi est tel que s'ensuit :
    « Vous dites que le roi de France veut que vous soyez chrétiens, faites le puisque autrement vous ne pouvez faire, mais gardez toujours la loi de Moise dans le coeur.
    « Vous dites qu'on veut prendre vos biens, faites vos enfants marchands, et par le moyen du trafic vous aurez peu à peu le leur.
    « Vous vous plaignez qu'ils attentent contre vos vies, faites vos enfants médecins et apothicaires qui leur feront perdre la leur sans crainte de punition.
    « Vous assurez qu'ils détruisent vos synagogues, tachez que vos enfants deviennent chanoines et clercs parce qu' ils ruineront leur Église.
    « Et à ce que vous dites que vous supportez de grandes vexations, faites vos enfants avocats, notaires et gens qui soient d'ordinaire occupés aux affaires publiques,et par ce moyen,vous dominerez les chrétiens, gagnerez leurs terres et vous vengerez d'eux.
    Le texte original des deux lettres a été publié pour la première fois par l'abbé Bouis, prêtre d'Arles, dans un ouvrage qui porte ce titre: La Royale couronne des roys d'Arles, dédiée à Messieurs les consuls et gouverneurs de la ville, par J. Bouis, prêtre, à Avignon, par Jacques Brawerav, 1644.

    Ne vous écartez pas de l'ordre que nous vous donnons, car vous verrez par expérience que d'abaissés que vous êtes vous serez fort élevés.
    V. S. S. V. F. F. Prince des Juifs de Constantinople, le 21 de Casleu 1489.
    Il est inutile de dire que cette lettre, elle aussi, est déclarée apocryphe. Nous ne voyons pas, quant à nous, sur quoi on s'appuie pour contester l'authenticité de cette pièce qui résume admirablement la politique juive (1).
    Dans le Comtat Venaissin seulement qui était alors terre papale, les Juifs de France avaient trouvé une liberté à peu près complète et une sécurité relative. En plein moyen âge, Avignon put être appelé « le Paradis des Juifs. »
    Mistral n'a pas oublié les Juifs dans le tableau plein de couleur et de mouvement qu'il a tracé, dans Nerto, de l'Avignon des Papes.

    E de cridèsto, de bravado,
    De paro-garo et d'abrivado,Em'un judiéu, de fes que i a, Qu'alin davans cour esfraia.Lou pecihoun ! lou capèu jaune ! A la jutarié ! que s'encaune ! – Cinquanto enfant ié soun darrié, E d'un pouceu, per trufarié,

    Simulant éli l'auriheto

    Em'un gueiroun de sa braicto, lé crido lou vou d'esparpai :

    Vaqui l'auriho de toun pai !

    Bref des crieries, des défilés bruyants, Des échauffourées, des alertes,

    Et parfois quelque Juif
    Qui là-bas, effrayé, décampe...

    « Le guenillon ! le chapeau jaunet ! A la juiverie!qu'il se cache ! »Cinquante enfants sont après lui, Et d'un pourceau, par dérision, Eux simulant l'oreilleAvec un coin de leur braguette, La volée d'étourdis lui crie

    Voilà l'oreille de ton père!
    Les Juifs avignonnais, qui comptaient parmi eux des rabbins distingués, semblent avoir formé même pendant assez longtemps une branche particulière différente des Juifs allemands et des Juifs portugais. Au XIVe siècle, le rabbin Roüber leur fit adopter un rituel spécial qu'ils suivirent jusqu'au XVIIIe siècle, époque à laquelle ils se fondirent définitivement avec les Juifs portugais.
    Sans doute, de temps en temps, des mouvements populaires éclataient contre eux à la suite d'usures trop criantes, mais le Pape ou le légat intervenait toujours pour calmer les esprits.

     

    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 26)

    __________

    (1) Il faut lire à ce sujet, dans l'ouvrage de l'abbé -Chabauty : « Les juifs nos maîtres », quelques pages qui sont un chef-d'œuvre de critique ingénieuse et fine, d'érudition et de modération.
    L'éminent écrivain ne laisse pas subsister pierre sur pierre des objections que les juifs ont essayé d'élever contre l'authenticité de ces lettres.

     

     

     

     

     

     

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