• "Je n'obéis plus"

     

    Le mouvement par lequel un homme seul, un groupe, une minorité ou un peuple tout entier dit : “ Je n’obéis plus ”, et jette à la face d’un pouvoir qu’il estime injuste le risque de sa vie – ce mouvement me paraît irréductible. Parce qu’aucun pouvoir n’est capable de le rendre absolument impossible : Varsovie aura toujours son ghetto révolté et ses égouts peuplés d’insurgés. Et parce que l’homme qui se lève est finalement sans explication ; il faut un arrachement qui interrompt le fil de l’histoire, et ses longues chaînes de raisons, pour qu’un homme puisse, “ réellement ”, préférer le risque de la mort à la certitude d’avoir à obéir.

    Toutes les formes de liberté acquises ou réclamées, tous les droits qu’on fait valoir, même à propos des choses apparemment les moins importantes, ont sans doute là un point dernier d’ancrage, plus solide et plus proche que les “ droits naturels ”. Si les sociétés tiennent et vivent, c’est-à-dire si les pouvoirs n’y sont pas “ absolument absolus ”, c’est que, derrière toutes les acceptations et les coercitions, au-delà des menaces, des violences et des persuasions, il y a la possiblité de ce moment où la vie ne s’échange plus, où les pouvoirs ne peuvent plus rien et où, devant les gibets et les mitrailleuses, les hommes se soulèvent. ”

    Michel Foucault : “ Inutile de se soulever ? ”, Le Monde, 11-12 mai 1979 *

    « ANACHREONTIQUES C'est clairement dit! »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :