• Je ne suis plus celui qui respirait la vie

     

    Je ne suis plus celui qui respirait la vie
    De vos yeux, mon soleil, je ne suis qu’un vain corps.
    Amour qui m’a frappé de ses traits les plus forts
    Pour triompher de moi, a mon âme ravie.

    Mon esprit erre en bas en la plaine obscurcie,
    Et mon corps au tombeau croît le nombre des morts.
    Ma vie sous l’horreur des meurtrissants efforts
    Qui bourrellent mon cœur, de moi s’est départie.

    Je suis l’ombre amoureux de vos rayons formé,
    Lorsque de vos beautés, chastement enflammé,
    Je tirais de vos yeux une seconde essence.

    Puis donques que je suis de vous seule animé,
    Il faut que comme vous, de vous je sois aimé,
    Ou pour le moins nourri d’une juste espérance.

    François Béroalde de Verville

     

     

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