• La Cafetière (4)

    Les bougies s’allumèrent toutes seules ; le soufflet, sans qu’aucun être visible lui imprimât le mouvement, se prit à souffler le feu, en râlant comme un vieillard asthmatique, pendant que les pincettes fourgonnaient dans les tisons et que la pelle relevait les cendres.

    Ensuite une cafetière se jeta en bas d’une table où elle était posée, et se dirigea, clopin-clopant, vers le foyer, où elle se plaça entre les tisons.

    Quelques instant après, les fauteuils commencèrent à s’ébranler, et, agitant leurs pieds tortillés d’une manière surprenante, vinrent se ranger autour de la cheminée.

    Je ne savais que penser de ce que je voyais ; mais ce qui me restait à voir était encore bien plus extraordinaire.

    Un des portraits, le plus ancien de tous, celui d’un gros joufflu à barbe grise, ressemblant, à s’y méprendre, à l’idée que je me suis faite du vieux sir John Falstaff, sortit, en grimaçant, la tête  de son cadre, et, après de grands efforts, ayant fait passer ses épaules et son ventre rebondi entre les ais étroits de la bordure, sauta lourdement par terre.

    Il n’eut pas plutôt pris haleine, qu’il tira de la poche de son pourpoint une clef d’une petitesse remarquable ; il souffla dedans pour s’assurer si la forure était bien nette, et il l’appliqua à tous les cadres les uns après les autres.

    Et tous les cadres s’élargirent de façon à laisser passer aisément les figures qu’ils renfermaient.

    Suite...