• Là, comme ailleurs

     

    Là, comme ailleurs, cependant, les Juifs ne se gênaient guère pour faire des malhonnêtetés aux chrétiens qui contentaient à les accueillir, et pour insulter leurs croyances.
    Longtemps on aperçut, à l'entrée de l'église Saint-pierre d'Avignon, un bénitier qui rappelait un de leurs tours :
    Le bénitier de la Belle Juive. Une Juive, d'une rare beauté, avait trouvé plaisant de pénétrer dans l'église: le jour de Pâques et de cracher dans l'eau bénite. La Belle Juive, aujourd'hui, à la suite de cet exploit, serait nommée inspectrice générale des écoles de France, alors, elle reçut le fouet en place publique, et une inscription commémorative rappela le sacrilège commis et la punition subie.
    A Carpentras, nous apprend Andréoli, dans la Monographie de la Cathédrale de Saint-Siffrein, on voyait autrefois dans le parvis de l'église une grande croix de fer avec l'inscription suivante : « Horatius Capponius Florentinus, episcop. Carpentor., crucem banc sumptibus Hebreorum erexit ut, quam irriserant ma gis conspicuam, verendam ac venerandam aspicerent . 11 febr 1603 ».
    Les Juifs, un Vendredi Saint, avaient solennellement crucifié par dérision un homme de paille. La croix fut élevée en expiation, et les Juifs durent l'entretenir jusqu'en 1793, époque où elle fut remplacée par un arbre de la liberté. L'homme de paille avait été déposé aux archives de la Cour Episcopale et on le sortait une fois par an.
    La colonie juive de Bordeaux avait seule prospéré. Quand l'Espagne, après la défaite définitive des Maures de Grenade, se vit appelée à jouer un rôle en Europe, elle fit ce qu'avait fait la France dès que la monarchie s'était constituée, elle élimina de son sein les éléments qui étaient une cause perpétuelle de trouble. Le 30 mars 1492, le roi Ferdinand d'Aragon et la reine de Castille Isabelle, sur l'avis de l'illustre Ximénès, rendirent un arrêt qui ordonnait à tous les Israélites de sortir du pays. Quelques familles se réfugièrent alors en Portugal où elles trouvèrent une précaire protection, bientôt elles furent expulsées encore, et Michel Montaigne, dont les parents avaient fait partie de ces persécutés, a raconté les circonstances navrantes de ce nouveau départ dans un chapitre où l'on sent plus d'émotion que dans les pages ordinaires du sceptique.
    Quelques-uns de ces proscrits vinrent chercher un asile à Bordeaux. Parmi eux se trouvaient Ramon de Granolhas, Dominique Ram, Gabriel de Tarragera, Bertrand Lopez ou de Louppes, les Goveas qui se firent assez rapidement comme jurisconsultes, médecins, négociants, une place dans la société de Bordeaux (1).
    La mère de Montaigne, Antoinette de Louppes ou Antoinette Lopez, était donc Juive et ce fait n'est pas sans intérêt pour ceux qui aiment à expliquer par la filiation le tempérament d'un écrivain. La sagesse terre à terre, la douce ironie de ce narquois et de ce désabusé ne se rattachent-elles point à travers les siècles à la philosophie désenchantée de l'Ecclésiaste ?
    En dépit de l'éducation et de l'atmosphère chrétienne de l'époque, ne retrouve-t-on point, en maints passages des Essais, l'écho des paroles désillusionnées du Koheleth biblique méditant, en se promenant le long de la terrasse du palais d'Etham, sur la vanité des desseins humains, proclamant que les plus belles espérances ne valent pas les jouissances présentes et le bon repas arrosé du vin de l'Engadi? Le qui sait? de l'un
    n'est-il pas parent du peut-être très vague auquel l'autre a l'air de croire si peut ?
    Maintenues dans les bornes de la prudence, l'objection discrète aux enseignements de l'Eglise, la plaisanterie là demi voilée vont plus loin dans Montaigne que la phrase ondoyante et subtile ne le semble indiquer au premier abord.
    Dans ce récit touchant des souffrances des Juifs de Poriagal qui a pour titre : Juifs affligés en diverses manières pour les' faire changer de religion mais en vain, on sent la secrète admiration pour ces obstinés qui ont tant souffert sans renier (2). Ça et là une allusion apparaît dans l'oeuvre à des malheurs de famille qu'on tient à faire oublier et à oublier soi-même, pour ne point rappeler aux hommes parmi lesquels on vit, l'origine maudite. Cette vision des bûchers d'Espagne qui hantait l'auteur des Essais dans cette visite à la synagogue de Rome qu'il nous a racontée, ne poursuivait-elle pas dans son château de Montaigne le conseiller au Parlement lorsqu'il écrivait : « C'est mettre ses conjectures à bien haut prix que d'en faire cuire un homme tout vif (3) »
    Montaigne et Dumas fils, tous deux d'origine juive par leur mère, sont les deux seuls écrivains français vraiment dignes de ce nom qu'ait produits la race d'Israël fécondée par le mélange de sang chrétien. Sans établir un rapprochement qui serait forcé entre la moquerie souriante et légère du premier, et la raillerie âpre du second, il est permis de constater que tous deux ont été des destructeurs, que tous deux, sous des formes diverses, ont mis en relief les vices et les ridicules de l'humanité sans lui proposer aucun idéal supérieur à atteindre. Tous deux ont été des rieurs et des tristes, des désillusionnés et des désillusionneurs.

    E. Drumont - La France juive, Tome I (extrait 27)
    __________________

    (1) ici encore se vérifie ce que nous disions de l'influence du milieu pour le Juif. Malgré leur apparente exubérance, les Bordelais sont au fond des gens froid, et sérieux comme leur vin. L'Angleterre, qui a occupé si longtemps ces contrées,y a laissé un peu d'elle-même, de son bon sens, de
    son esprit réfléchi, les Bordelais, par bien des points, sont des Anglais plus capiteux.
    Israël représenté d'ailleurs par des hommes de mérite, ne trouva pas là une population qu il put troubler, mais une bourgeoisie très capable
    d'apprécier les sérieuses qualités commerciales des nouveaux venus. Plus que les lettres patentes d'Henri II, les dispositions générales des classes élevées protégèrent les arrivants, les détendirent, leur permirent de fonder un durable établissement.
    Notons en passant le côté vil de la race qui rend toujours le mal pour le bien. Sous la Terreur, dans une fête de la Raison, les Juifs de Bordeaux
    organisèrent une parodie sacrilège dans le genre de celles d'aujourd’hui, la Papauté, qui dans tous les pays du monde avait pris la défense des Juifs, était traînée dans la boue, un Juif d'une taille colossale marchait à la tète du cortège en vomissant des obscénités.
    Remarquons encore à ce sujet que c'est à Bordeaux que la Juive Déborah, pour déshonorer l'armée française, vint ourdir cette trame dans
    laquelle furent pris trois officiers qui étaient, selon toute apparence, absolument innocents, mais qui furent victimes du bruit que la presse juive
    fit autour de cette affaire.
    Au moment de l'exécution des décrets, toute la canaille juive de Bordeaux insulta dans la rue les religieux qu'on venait de chassez de chez eux.
    (2) Ce passage ne figure pas dans les premières éditions, il a été ajouté dans l'édition de 1595 au chapitre XL, le chapitre XI des premières éditions qui est intitulé : Que le goût du bien et des moeurs dépend en bonne partie de l'opinion que nous en avons. Montaigne avait jugé inutile d'attirer par ce passage l'attention sur les origines de sa famille, à une époque où les Israélites de Bordeaux se défendaient d'être Juifs. Il reprit cette note au moment où il travaillait à une révision définitive des Essais, à cette heure déjà voisine de la mort où les souvenirs d'enfance, les réminiscences de récits maternels se représentent parfois à vous avec une précision et une vivacité plus grandes.
    (3)A maintes reprises, on voit que Montaigne est obsédé par cette idée du bûcher, pour lequel il n'a aucune vocation. Pour se disculper d'avoir fui
    Bordeaux au moment de la peste, quand son devoir comme maire était de donner l'exemple, il écrit : « Je suivrai le bon parti jusque au feu, mais
    exclusivement si je puis. »
    « Eh bien, fait remarquer Veuillot à ce sujet, quand la peste s'escrimait dans sa ville, c'était au mois de juin. Il faisait trop chaud, voilà
    l'explication. »
    La nature du Juif, peu faite pour l'héroïsme, se révèle d'ailleurs à chaque ligne dans Montaigne, et contraste avec les moeurs d'une époque où
    chacun mourait si intrépidement pour sa cause. Sous ce rapport, il a au moins le mérite de la sincérité, et ses aveux sont dépouillés d'artifice. « En
    quelque manière, dit-il, qu'on se puisse mettre à labri des coups, fût-ce sous la peau d'un veau, je ne suis pas homme qui y reculasse. »

    « Yuval Noah Harari, les dangers de l'IA"À cette fréquence, la réalité change complètement et vous manifestez." | Dr. Joe Dispenza »
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