•  

     
    Tu es un ange : je baise tes pieds, je baise tes larmes ! Je reçois ton adorable lettre, j'ai à peine le temps de t'écrire ce mot, moi pauvre galérien travaillant nuit et jour, mais toute mon âme est pleine de toi, mais je t'adore, mais tu es la lumière de mes yeux, mais tu es la vie même de mon cœur.
    Je t'aime vois-tu, je t'aime au delà des paroles, au delà des regards et des baisers ! La caresse la plus passionnée et la plus tendre est encore au dessous de l'amour que j'ai pour toi et qui me déborde ! Oh oui, tu as raison, ce que je te disais hier était bien profond et venait de tout ce qu'il y a de meilleur et de plus vrai dans l'amour, tu le sens mon ange, tu me le dis en mots adorables, je te remercie, je me mets à genoux devant toi. Je baise chaque mot de ta douce lettre si exquise, et si passionnée. Oh ! Que je t'aime.
    Prends ma vie ; prends mon avenir, prends ma liberté, prends toutes mes actions, prends toutes mes pensées, prends le souffle de ma bouche, le sang de mes veines, les heures de mes jours et de mes nuits ; prends mes rêves, mes espérances, mes joies et mes peines, prends tout de moi, prends mon âme et garde à jamais mon cœur ! Il est midi, j'ai à peine le temps de déjeuner, de m'habiller et de courir à toi.
    Je t'aime, je t'aime ! Entends-tu, ma vie !
    Oh ! Sois heureuse, tu es si aimée !
     
     Victor Hugo
    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    « L’absence et la mort ne diffèrent pas beaucoup ; donc, on ne se quitte pas, on se perd de vue ; mais on sait bien que, n’importe où, on se retrouvera. Aussi je ne dis jamais adieu dans le sens de « Dieu nous sépare ! »
    je le dis toujours dans le sens « Au revoir en Dieu, sur cette terre ou sur une autre !
    Est-ce que l’on ne fait pas de progrès tant qu’on veut vivre et tant qu’on croit à l’idéal ? est-ce que l’idéal ne sert qu’à cette vie d’un jour ou deux sur la terre ? Ne croyez pas cela.
    Nous emportons avec nous ce que nous avons acquis, et nous l’emportons pour l’accroître dans l’éternité. Qu’importe que, dans une ou deux de nos existences, nous n’ayons pas été assez encouragés, si nous avons entretenu le feu sacré en nous et dans les autres ?
    Ne comptez pas pour rien ces heures où vous donnez, avec votre âme, celle des grands maîtres à vos amis ; tout cela, c’est un échange, entre eux, vous et nous, de ce qu’il y a de meilleur et de plus élevé dans le sanctuaire commun ».

    George Sand, Nohant 3 aout 1863 

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    "Nous avons fait hier et aujourd'hui une belle promenade ; j'ai vu des ruines, des ruines aimées de ma jeunesse, que je connaissais déjà, où j'étais venu souvent avec ceux qui ne sont plus. J'ai repensé à eux, et autres morts que je n'ai jamais connus et dont mes pieds foulaient les tombes vides. J'aime surtout la végétation qui pousse dans les ruines : cet envahissement de la nature, qui arrive tout de suite sur l'œuvre de l'homme quand sa main n'est plus là pour la défendre, me réjouit d'une joie profonde et large. La vie vient se replacer sur la mort ; elle fait pousser l'herbe dans les crânes pétrifiés et, sur la pierre où l'un de nous a sculpté son rêve, réapparaît l'Éternité du Principe dans chaque floraison des ravenelles jaunes. Il m'est doux de songer que je servirai un jour à faire croître des tulipes. Qui sait ! L'arbre au pied duquel on me mettra donnera peut-être d'excellents fruits ; je serai peut-être un engrais superbe, un guano supérieur."

    Gustave Flaubert, 1846

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

     

     Ce Chopin est un ange, sa bonté, sa tendresse et sa patience m’inquiètent quelquefois ; je m’imagine que c’est une organisation trop fine, trop exquise et trop parfaite pour vivre longtemps de notre grosse et lourde vie terrestre. Il a fait à Majorque, étant malade à mourir, de la musique qui sentait le paradis à plein nez, mais je suis tellement habituée à le voir dans le ciel qu’il ne me semble pas que sa vie ou sa mort prouve quelque chose pour lui. Il ne sait pas bien lui-même dans quelle planète il existe, il ne se rend aucun compte de la vie comme nous la concevons et comme nous la sentons.

    George Sand, le 28 avril 1839

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    25 août [1842], jeudi après-midi, 1 h. ½

    Je vais donc venir avec toi, mon adoré, je n’ose pas me livrer à la joie toute entière que me donne cet espoir si doux ! Je crains mille empêchements et autant de contrariétés parmi lesquelles il pourrait se faire que nous ne fussions pas seuls entre nous. J’en tremble à cause de mon guignon habituel, cette crainte suffit pour jeter de la cendre sur ce pauvre petit feu de joie si long-temps attendu et si fort désiré ! Si cela était, mon cher bien-aimé, je te prierais de ne pas ajouter à ma tristesse par une mauvaise humeur immanquable mais qui n’a pas dépendu de moi, que tu ne l’eusses pas. Après cela, le bon Dieu qui m’envoie si rarement des occasions de bonheur, voudra peut-être ne pas attrister celle-ci par la visite de la mère Lanvin ou de la mère Pierceau. Deux pauvres femmes qui forment avec la mère Triger tout mon entourage et toute ma société mais qui me seraient bien importunes aujourd’hui. Enfin, attendons l’événement et aimons-nous quoi qu’il arrive. Une autre chose qui m’inquiète encore plus c’est cet affreux vent qui s’est mis à souffler juste le jour où il ne le faut pas. Je n’ai pas besoin de te dire de prendre bien garde à ce que [le] pauvre petit n’attrape pas de courant d’air car vous serez tous occupés à garantir ce cher petit bien-aimé des atteintes du vent. Tâchez d’arriver à bon port, mes chers petits amis, je vais tâcher de mon côté de n’avoir pas de malencontreuses visites. Et si j’y réussis, tu me verras la plus heureuse des femmes ce soir. A ce soir mon cher adoré, ma pensée, mon cœur, ma vie, mon âme sont avec toi.

    Juliette

    Partager via Gmail

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique