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    "Mon cher adoré", "mon cher bien-aimé", "mon grand piocheur", "mon petit homme" : ainsi s'adressait Juliette Drouet (1806-1883) à l'homme de sa vie, Victor Hugo dont elle fut la maîtresse attitrée pendant cinquante ans.

    25 août [1842], jeudi matin, 8 h. ½

    Je n’ai pas voulu t’écrire, mon bien-aimé, avant d’avoir fait acte d’obéissance, je n’ai pas voulu te souhaiter le bonjour et te baiser avant de m’être gargarisée pendant QUINZE minutes ! J’espère que tu ne douteras plus de ma docilité et de mon exactitude ?
    Mais toi, mon pauvre bien-aimé, comment vas-tu ce matin, comment va ton cher enfant? Je pense que l’air de la campagne lui fera le plus grand bien et à toi aussi, mon pauvre adoré, puisque ta tranquillité, ta santé et ta joie tiennent à la santé de ce cher petit garçon. Mais il me semble que puisque c’est décidé, il vaudrait mieux y aller plutôt que plus tard ? Après cela, mon cher bien-aimé, tu sais ce que tu as à faire mieux que moi, ou plutôt le médecin, puisque c’est lui qui dirige tout ce qui regarde cet enfant. Je voudrais savoir comment tu as passé la nuit, mon adoré. Je voudrais voir si tu n’es plus fâché contre moi. Je voudrais baiser tes petites mains et tes chers petits pieds. Je voudrais bien des choses que tu me donneras tantôt ou que je te prendrai de FORCE si tu ne veux pas me les donner de bonne volonté : de BONS GROS BAISERS. J’espère que ce scélérat de petit Toto s’est fait un album À MES DÉPENS. Mais laissez faire, mon amour, dès qu’il sera guéri et vous aussi, je vous tomberai sur la carcasse d’une drôle de façon. Il me faudra des dessins à griffes, que veux-tu. Je suis RAPACE moi, c’est mon état. Et je vous le prouverai en temps et lieux. En attendant je rentre mes cornes et je vous aime de toute mon âme.

    Juliette

     

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    Juste pour te dire que j’arrive mardi par la route remontant avec les Gallimards lundi. Je te téléphonerai à mon arrivée mais on pourrait peut-être convenir déjà de dîner ensemble mardi .Disons en principe pour faire la part des hasards de la route et je te confirmerai le dîner au téléphone.
    Je t’envoie déjà une cargaison de tendres vœux et que la vie rejaillisse en toi pendant toute l’année te donnant le Cher visage que j’aime depuis tant d’années ( mais j’aime le soucieux aussi et de toutes les manières) .Je plie ton imperméable dans l’enveloppe et j’y joins tous les soleils du cœur.
    A bientôt ma superbe je suis si content à l’idée de te revoir que je ris en t’écrivant j’ai fermé mes dossiers et ne travaille plus ( trop de famille et trop d’amis de la famille).
    Je n’ai donc plus de raisons de me priver de ton rire et de nos soirées,ni de ma patrie. Je t’embrasse,je te serre contre moi jusqu’à mardi ,ou je recommencerai.
     
    Albert Camus
    30 Decembre 1959
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    Mon ange, je viens de lire ta lettre, oh j’ai eu envie de tomber à tes genoux ! mon Ève, ma chère épouse. N’aie jamais une seconde de pensée mélancolique, oh tu ne me connais pas. Tant que je vivrai je serai ton chéri, je respecterai en moi, le cœur que tu as choisi ; je ne m’appartiens pas. Il n’y a ni folies, ni sacrifices, non, non jamais. Oh ne sois pas ainsi, ne me parle jamais de Laudanum. J’ai fait voler les dernières épreuves d’Eugénie Grandet et j’ai sauté comme pour aller à toi. La fin de la lettre m’a fait passer les douleurs du commencement

    Mon amour, mon cher amour, je serai près de toi, dans quelques jours, quand tu tiendras ce papier plein d’amour pour toi auquel je voudrais communiquer les battements de mon coeur, il n’y aura plus que quelques jours, je vais redoubler de soins, de travail, je me reposerai là-bas. D’ailleurs, je vais m’arranger pour y rester longtemps. Ö mon amour, fais-toi des cieux sereins, car il n’y a dans mon être qu’affection, amour, tendresses et caresses pour toi.

    Oui, je vis en toi comme tu vis en moi. Jamais dieu ne séparera ce qu’il a si fort assemblé. Ma vie est ta vie. Ne m’effraie plus ainsi. Ta tristesse m’attriste, ta joie me rend joyeux, je suis dans ton cœur, j’écoute ta voix par moments, enfin j’ai l’amour éternel, impérissable, angélique que je désirais. Tu es et le commencement et la fin, ma chérie, mon Ève, comprend donc l’Ève, je suis aussi exclusif que tu peux l’être. Enfin, l’adoremus in eaternum est ma devise, entends-tu chérie. Allons, l’heure passe, il faut envoyer à la grande poste pour que tu aies cela, mercredi.
     
    Balzac à madame Hanska.
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    Mais ton cœur, mais ton bon cœur, ne le tue pas, je t'en prie.
    Qu'il se mette tout entier dans toutes les amours de ta vie,
    Afin qu'un jour tu puisses regarder en arrière
    Et dire comme moi, j'ai souffert souvent,
    Je me suis trompée quelquefois
    Mais j'ai aimé…
     
    Georges Sand
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  • Il pleut dans mon âme comme dans la rue. J'avais pris une si douce habitude de vivre près de vous qu'il me semblait que cela ne devait jamais finir. Mon départ, tant de fois différé après un séjour plus long que je n'aurais osé l'espérer, m'a surpris comme une catastrophe inattendue. Je ne pouvais y croire et quand les roues du wagon ont commencé à tourner, elles m'ont fait le même mal que si elles me passaient sur le cœur.

    Lettre à Carlotta Grisi le 17 novembre 1865
    Théophile Gautier

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