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    "Tu es entrée, par hasard, dans une vie dont je n'étais pas fier, et de ce jour-là quelque chose a commencé de changer. J'ai mieux respiré, j'ai détesté moins de choses, j'ai admiré librement ce qui méritait de l'être. Avant toi, hors de toi, je n'adhérais à rien. Cette force, dont tu te moquais quelquefois, n'a jamais été qu'une force solitaire, une force de refus. Avec toi, j'ai accepté plus de choses. J'ai appris à vivre. C'est pour cela sans doute qu'il s'est toujours mêlé à mon amour une gratitude immense."

    Correspondance (1944-1959) : Albert Camus / Maria Casarès

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  • Femme:
    Attention

     

    « Toi, je t’aime comme je n’ai jamais aimé et comme je n’aimerai pas. Tu es, et resteras seule, et sans comparaison avec nulle autre. C’est quelque chose de mélangé et de profond, quelque chose qui me tient par tous les bouts, qui flatte tous mes appétits et caresse toutes mes vanités. Ta réalité y disparaît presque. Pourquoi est-ce que, quand je pense à toi, je te vois souvent avec d’autres costumes que les tiens ? L’idée que tu es ma maîtresse me vient rarement, ou du moins tu ne te formules pas devant moi par cela. Je contemple (comme si je la voyais) ta figure toute éclairée de joie, quand je lis tes vers en t’admirant. – Alors qu’elle prend une expression radieuse d’idéal, d’orgueil et d’attendrissement. Si je pense à toi au lit, c’est étendue, un bras replié, tout nue, une boucle plus haute que l’autre, et regardant le plafond. – Il me semble que tu peux vieillir, enlaidir même et que rien ne te changera. – Il y a un pacte entre nous deux, et indépendant de nous. N’ai-je pas fait tout pour te quitter ? N’as-tu pas fait tout pour en aimer d’autres ? Nous sommes revenus l’un à l’autre, parce que nous étions faits l’un pour l’autre. Je t’aime avec tout ce qui me reste de coeur. – Avec les lambeaux que j’en ai gardés. Je voudrais seulement t’aimer davantage afin de te rendre plus heureuse, puisque je te fais souffrir ! moi qui voudrais te voir en l’accomplissement de tous tes désirs. » *

     

     

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  • Chère madame Claudel,
    Je vous ai déjà écrit plusieurs fois sans recevoir de réponse. Il en sera sans doute de même cette fois-ci mais enfin je me risque... Vous n'aurez plus besoin de vous déranger dorénavant pour envoyer de l'argent ici. Ce n'est pas la peine, je connais des messieurs qui vont se charger de ça... Vous savez bien les messieurs, les messieurs qui m'ont pris mon atelier, mes albums, mes esquisses. Ils sont si contents de ce qu'ils ont trouvé chez moi, ça leur a fait tellement plaisir qu'ils seront enchantés d'offrir à l'artiste qui leur a offert une si belle récolte, une pension toute trouvée... C. Claudel

    Maison de Santé de Ville-Evrard (fin mars 1913)

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    Lundi 31 (juillet 1950)
    Mon cher petit. J'attendais impatiemment votre lettre : dix jours sans rien, une commençais à m'inquiéter. Envoyez des petits mots au besoin, mais écrivez mon doux petit, je m'égare dès que vous me manquez. Je meurs d'envie d'avoir des détails sur Claude Ray et Dolorès. Pourvu que vous pensiez à envoyer votre prochaine lettre à Gary ! Nous nous y installons demain et d'ici on ne fera rien puisque la maison sera vide.
    (...) D'autant que je suis la moitié du temps dans l'angoisse. Les journaux américains sont si déconfits que je pense que le retour de l'U.R.S.S à l'O.N.U est une bonne chose pour la paix.; mais ils parlent sans cesse d' une attaque communiste sur Formose, certains l'annoncent même pour le 10 août : je sais que ça fait partie de leur propagande intérieure, ils y ont à terroriser le pays pour faire accepter les nouvelles taxes et leur politique antidémocratique, mais j'ai peur et l'optimisme aveugle d'Algren ne me rassure pas. Il y a une série d'articles étonnantes dans le Chicago Sun en ce moment pour expliquer aux gens comment se défendre conte la bombe atomique : rester calme - porter des vêtements de couleur claire et aussi lâches que possible, des gants - obéir aux ordres, etc. Les gens ont l'air aussi travaillés par la propagande que ceux qui sont de l'autre côté du rideau : une coiffeuse l'autre jour me demande : " c'est toujours aussi terrible à Paris ? Et les communistes ? Ils continuent à faire la loi chez vous ?" Bien entendu, tous les amis d'Algren sont des "progressistes" (bien déçus par Wallace d'ailleurs qui a finalement pris parti pour cette guerre de Corée); ils croient à la guerre pour dans un an ou deux. J'ai prévenu Algren que je rentrerais à Paris si les choses s'aggravaient (...)
    Vote charmant Castor

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  • Surnommée « la Divine » ou « la Scandaleuse », Sarah Bernhardt a illuminé de sa présence les scènes de théâtre de France et du monde entier. De Lorenzaccio à Lady Macbeth, l’actrice flamboyante a tout joué : de son vivant , elle était déjà une légende mondiale. Si son talent fascinait les foules, sa vie tumultueuse et agitée de femme libre, ses conquêtes masculines incessantes scandalisaient l’époque et contribuaient à son mythe. Seconde lettre fervente et enflammée à son amant Jean Mounier-Sully, entre douleur de l’absence et l’impossibilité de l’oubli : l’empire du désir.

    Février 1873

    Je ne suis pas bien, mon ami Jean, mais pas bien du tout. Je n’ose te porter ce petit être malade. Je t’envoie donc seulement mon coeur, mon âme, mes baisers d’amour, de tendresse. Sais-tu, mon doux Seigneur, que sans cesse je pense à toi, que je ne rêve qu’à toi, que mon seul et unique désir est de t’appartenir sans que rien te puisse faire froncer le sourcil ; être ta maîtresse, ton être, ta tienne ? Sais-tu que tout ce qui évoque ton souvenir me fait bondir le coeur ? Sais-tu enfin que je t’aime ardemment avec toutes les forces de mon âme, tous les regrets et larmes de mon triste passé ? Je voudrais reprendre ma vie, mes baisers, toutes ces sensations idiotes ; je voudrais que mon esprit fût aussi vierge que l’était mon coeur quand je t’ai aimé. Enfin sache que je t’aime, cela est vrai, cela est grand comme l’amour. Mes lèvres disent bonsoir aux tiennes et puis écoute ce qu’elle disent encore ces bavardes ! *

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