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Livre I - III Ripostes (1/2)
Après Tapage et Staccato en 99, je me tapai Ripostes en 2000 ! Ripostes, énorme épisode médiatique, et lié à l’affaire Renaud Camus, qui venait de se faire crucifier par tout le milieu parce qu’il avait écrit dans son journal intime qu’il y avait trop de Juifs à France Culture. Encore un qui voulait faire son Nabe ! Une sorte de mauvais larron à mon extrême droite…
L’œuvre de Camus m’indifférait. Pour moi, c’était un franchouillard déjà, très rococo, avec des goûts de chiottes. Et dans ces chiottes, il y avait un balai à mon effigie qu’il n’hésitait pas à se foutre dans le cul. Car ce pédé assumé racontait des scènes de hammam pendant lesquelles il pensait à mes livres… Renaud était torturé par mes audaces. D’ailleurs, ça lui avait déjà été reproché en 1996 par Alain Veinstein (mari de Laure Adler) dans son émission susurrante et nocturneuse sur France Culture, mais Camus avait été assez classe pour ne pas me renier et – c’est ça qui était drôle – il s’était insurgé auprès de Veinstein qu’on puisse me faire des procès en sorcellerie au sujet des Juifs !
« Antisémite », c’était comme miss France à l’époque, reine d’un jour ! Il fallait en élire un (ou une dans le cas de Renaud) par année. Moi, ça faisait plusieurs années que j’avais passé mon tour et je devenais un peu décrépit comme miss, alors les bien-pensards avaient choisi le pauvre Camus qui subit des foudres épouvantables pendant plusieurs mois… Jean-François Kahn (encore lui !) le dénonçait comme « l’homme qui n’aimait pas les Juifs ».
C’est Alain Finkielkraut qui défendit le mieux Camus, si on peut dire. Il le reçut à France Culture, offrant ses services de chevalier servant juif défendant le pauvre goy antisémite injustement traité. Camus et Finkielkraut avaient en commun le goût de la France et le dégoût de la décadence. Ils se prenaient tous les deux pour des sauveurs de la civilisation occidentale, que moi je ne rêvais que de faire mieux crever encore, vu tous les crimes qu’elle n’avait pas expiés. Finkie, attaqué lui-même sur sa gauche par les Juifs qui ne comprenaient pas pourquoi il défendait cette ordure de Camus, n’aurait pas risqué de me porter le moindre secours, car j’étais un défenseur des Nègres et des Arabes, crime beaucoup plus grave, pour un Juif, que d’attaquer les Juifs !
Du côté des éditeurs, l’affaire s’emberlificota d’autres boucles encore… Sollers (toujours lui !) était vilipendé de s’être rangé dans le Sanhédrin des persécuteurs du pauvre Camus alors qu’au même moment, il publiait un de mes textes jugés les plus « antisémites », au sujet d’un sous-écrivaillon moqué comme mon « meilleur ami » juif… Sollers était accusé de partialité et de favoritisme ! Ce qu’il passait à Nabe, il ne le passait pas à Camus ! Comment expliquer à cette bande de tarés que ce n’est pas l’antisémitisme qui réunit les écrivains, mais la qualité de leur littérature ? Si Camus était condamnable, c’était parce qu’il n’était pas aussi bon écrivain que moi… Et si moi j’étais défendable, c’est parce que j’étais, comme Morand et Céline, un jazzman de l’écriture.
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