Je me sens amoureux de l’été qui s’approche. Le ciel frais, immensément bleu, limpide, me donne envie de tout lâcher, d’aller lire Keats et Shelley dans l’herbe, et de me plonger, de me perdre voluptueusement dans mon roman.
Lorsque j’ai un peu de temps, en ce moment, je laisse tomber l’économie politique et je travaille à ma nouvelle. Lorsque je me repose quelques minutes de l’étude du crédit, je pense, soit à mon éthique soit à ma nouvelle. J’éprouve en y pensant un certain plaisir, une légère excitation. Mais rien de comparable avec le pincement qui me serre le cœur lorsque j’évoque ce roman, mon roman, qui s’est mis à vivre tout seul comme un univers autonome, où je n’ai pas pour le moment la liberté d’entrer. Rien n’est encore vraiment écrit, pourtant déjà tout existe.
Quel sort, au fond, plus enviable, que d’écrire un très bon roman, sous un ciel très bleu, sous un soleil clair ?