• Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Partager via Gmail

    votre commentaire
  •  

    On peut toujours dire tout ce que l'on veut sur tout ce que l'on vous présente... Il n'existe pas de critique en soi... C'est une farce la critique en soi. Il existe une critique bienveillante et puis l'autre, poisoneuse. Tout merde ou tout nougat. Question de partialité. Pour moi, je trouve ce divertissement féerique comico-tragique, fort bien venu. Il me satisfait et j'ai meilleur goût. moi tout seul, que toute la critique pantachiote et culacagneuse réunie, j'ai donc décidé, devançant tous commentaires, que mon ballet valait bien mieux, surpassait de loin tous les vieux thèmes... tous les dadas du répertoire... la cavalerie d'Opéra... Gisèle... Bagatelles... Petits Riens... les Lacs... Sylvia... Pas de chichis ! pas de mimique !... Examinez encore un peu l'agencement de toutes ces merveilles... Regardez de plus près l'article... C'est du travail cousu main... absolument authentique... tout s'y enchaîne... dans l'agrément, le charme... tourbillonne... se retrouve... Variantes... reprises... tout s'enlace... dans l'agrément... s'élance... s'échappe encore... Qui veut danser !...
     D'abord le critique de moi-même, à partir d'aujourd'hui, c'est moi. Et ça suffit. Magnifiquement... Il faut que j'organise sans désemparer ma défense... Il faut que je devance les Juifs !... tous les Juifs ! racistes, sournois, bornés, frénétiques, maléfiques... Rien qu'eux... tout pour eux !... Toujours et partout ! J'ai prévenu tout de suite Gutman... Attention Léo !... Tais-toi... Sans commentaires ! Va porter ! Il en demeurait ébloui!
    Jamais ! jamais je n'aurais cru Ferdinand..." Il en restait tout rêveur, confondu ! Il l'a relu tout haut deux fois le poème ! Il découvrait le poète enfin !... Poète comme M. Galeries ! poète comme M. Barbès !... et Tino Rossi !... Comme M. Dupanloup !... les machines à sous !... Comme les petits oiseaux !... le chemin de fer de l'Ouest... J'étais poète à ses yeux !... Nous nous embrassâmes... Il a foncé dans les démarches... Je me couche.
     "Je l'attends comme ça un jour... puis deux... trois... dix... Je faisais déjà un peu la gueule... Le douzième jour il me revient... gêné. "M. Rouché a trouvé que c'était pas mal ton affaire, mais il demande la musique... en même temps... Il ne veut pas entendre parler d'un ballet, comme ça, sans musique !... Un musicien bien en cour..."
     Voilà qui compliquait les choses... Bien en cour ? Bien en cour ? Je sursaute... Mais... -- Mais ce sont les Juifs bien en cour !... Exprime-toi clairement...
     -- Tu dois aller les voir toi-même...
     Je n'aime pas beaucoup tirer les cordons, j'ai fait énormément la "place", dans bien des endroits à Paris, pour placer toutes espèces d'articles... Ah ! je n'ai plus beaucoup d'entrain... Enfin foutre ! tans pis ! J'en ferai encore des démarches ! Je me ferais piler nom de Dieu !.., pour me rapprocher des danseuses... Je suis prêt à n'importe quoi !... Pour la danse ! Je souffrirai deux, trois morts de suite... Je me voyais déjà, il faut que j'avoue admirablement placé... Pour tout dire bien crûment, je mettais l'Evelyne, ma fée... d'une manière ! imaginaire !... j'anticipais !... j'anticipais !... Ah ! ce n'était qu'un trompeux rêve... Quel abîme de la coupe aux lèvres ! Foutre d'azur !... Courage ! Courage ! Gutman soufflait sa trompette... il nasille, quand il s'anime... J'ai donc été rendre visite, l'un après l'autre, à tous les grands musiciens juifs... puisqu'ils tenaient toutes les avenues... Ils furent tous bien fraternels... tout à fait cordiaux... flatteurs au possible... seulement dans l'instant... occupés... surmenés... par ceci et puis par cela... au fond assez décourageants... évasifs. Ils me firent mille compliments... Mon poème pouvait se défendre certes... Mais cependant un peu long !... trop court peut-être ? trop doux ?... trop dur ?... trop classique ? Enfin tout ce qu'on bafouille pour se débarrasser d'une pelure... d'un foutu fâcheux... Je commençais à l'avoir sec... En rentrant, à mon tour, j'ai dévisagé fort curieusement Léo Gutman... Il m'attendait sur le palier.
     -- Tu ne me judaïserais pas, dis donc, par hasard ?... Toi canaille ? comme ça tout à fait sourcilleux... Tu ne me crosses pas avec des yites ?...
     -- Ah ! Ferdinand, ce serait bien mal reconnaître..

    "Bagatelles pour un massacre" *

    Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Partager via Gmail

    votre commentaire
  • Partager via Gmail

    votre commentaire