• The time of violence

    La conquête et le joug ottoman

     

    Comme dans le reste des Balkans, la Bulgarie subit une longue et douloureuse période d'occupation pendant laquelle les libertés furent le plus souvent bafouées alors que les populations subissaient le joug de l'occupant. Pour les Bulgares, cette période est certainement la plus sombre de leur histoire.

    Incapables de résister à l'Empire ottoman, les cinq royaumes slavo-bulgares tombent les uns après les autres aux mains des Ottomans. Derniers à tomber, Trnovo est conquise en 1393, Vidin en 1396 et la Dobrogée (en bulgare Dobroudja) en 1421. La position géographique de la Bulgarie, l'importance relative de sa population ainsi que le peu d'intérêt que lui portaient les puissances occidentales en ont fait une province de l'Empire ottoman pendant près de cinq siècles, de 1396 à 1878. La Bulgarie, annexée à l'Empire ottoman, n'est alors qu'une province administrée par les sultans d'Istanbul sous la tutelle religieuse du Patriarcat de Constantinople. Le pays perd son indépendance mais aussi son nom et sa capitale : les Ottomans n'emploient que le mot Roumélie (en turc Rumeli qui signifie "pays des Romains", c'est-à-dire pris aux latinophones). Un système féodal strict y fut établi, afin de contrôler de près cette région proche d'Istanbul et donc stratégiquement essentielle. Mosquées et minarets se multiplient au fil de la colonisation ottomane et de l'islamisation d'une partie des Slaves (Pomaques). Sur les côtes, les Grecs demeurent à Nessebar, Obzor et Varna.

    « On massacre un peuple. Où ? En Europe. Ce fait a-t-il des témoins ? Rien qu'un témoin, le monde entier. Les gouvernements l'aperçoivent-ils ? Non ! Aura-t-il une fin, le martyre de ce peuple héroïque ? Il est grand temps que la civilisation l'interdise »

    — Victor Hugo devant le Parlement français en août 1876