• Au réveil

     

    Au réveil, il me semblait évident que ces rêves sereins, dépourvus de toute angoisse, figuraient le camp parfait, ayant atteint un point de stase impossible, sans violence, autorégulé, fonctionnant parfaitement et aussi parfaitement inutile puisque, malgré tout ce mouvement, ne produisant rien. Mais à y réfléchir plus avant, comme je tentais de le faire en buvant mon ersatz dans la salle de la « Haus des Waffen-SS », n'était-ce pas une représentation de la vie sociale dans son ensemble ? Débarrassée de ses oripeaux et de sa vaine agitation, la vie humaine se réduisait à guère plus que cela ; une fois que l'on s'était reproduit, on avait atteint la finalité de l'espèce ; et quant à sa propre finalité, ce n'était qu'un leurre, une stimulation pour s'encourager à se lever le matin ; mais si l'on examinait la chose objectivement, comme je pensais pouvoir le faire, l'inutilité de tous ces efforts était patente, tout comme l'était la reproduction elle-même, puisqu'elle ne servait qu'à produire de nouvelles inutilités. Et ainsi je venais à penser : le camp lui-même, avec toute la rigidité de son organisation, sa violence absurde, sa hiérarchie méticuleuse, ne serait-il qu'une métaphore, une « reductio ad absurdum » de la vie de tous les jours ?

    "Les bienveillantes" Jonathan Littell *

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