• Jean-René Huguenin

     

     

     Journal

     

    Jean-René Huguenin est né le 1er mars 1936 à Paris. Après une enfance et des études secondaires heureuses, il débuta dans la littérature par des articles, à la revue La Table ronde et surtout au journal Arts, auquel il ne devait plus cesser de collaborerfréquemment. Il avait alors vingt ans, et préparait simultanément une licence de philosophie et le diplôme de l’Institut d’études politiques. Il obtint ce dernier en 1957, et s’inscrivit au concours d’entrée à l’École nationale d’administration, mais donna, dès1958, l’essentiel de son travail et de son temps à son œuvre littéraire. Avec cinq amis, il fonda la revue Tel Quel, qu’il quitta quelques mois plus tard. La Côte sauvage parut en 1960. Ce premier roman connut un succès exceptionnel. Les critiques le saluèrent comme une révélation, en admirèrent l’émotion dominée et déjà la maîtrise. François Mauriac, Aragon en louèrent l’écriture et le ton. Jean-René Huguenin multiplia alors sa collaboration aux journaux et périodiques (Le Figaro littéraire, Arts, Les Nouvelleslittéraires, Les Lettres françaises, Réalités), dénonçant avec une fougue obstinée la sécheresse et la médiocrité de l’époque, criant sa foi en la jeunesse et en la générosité, se faisant le porte-parole d’un nouveau romantisme. Il entreprenait la préparation d’un second roman quand il fut appelé, en novembre 1961, pour accomplir son service militaire. Il fut affecté au Service cinématographique des armées, à Paris. C’est au cours d’une permission que, le samedi 22 septembre 1962, se rendant à la campagne, il se tua en automobile, sur la route de Paris à Chartres. Il avait vingt-six ans. Jean-René Huguenin tenait son Journal, irrégulièrement, depuis l’âge de dix-huit ans. Ce Journal, jamais il n’avait fait mystère qu’il était conçu, pensé, écrit, sinon pourune publication immédiate, du moins comme une œuvre littéraire, et qui serait un jour un livre. Il en datait et conservait avec soin les cahiers. S’il y consigne souvent des faits mineurs de son existence, c’est toujours pour les dégager de l’actualité immédiate, pour y chercher une signification, une vérité, un drame, un visage, ou le sien propre – un texte. Une impression de l’instant y devient une formule, une image métaphore, un spectacle roman.

    RENAUD MATIGNON

    Une autre jeunesse