• La banlieue de Paris! (1)

     

    La banlieue de Paris! Il y a longtemps que je la connaissais. Mais comme elle avait évolué en mal depuis mes amours avec Antoinette!
    D'abord, c'est la guerre qui l'avait défigurée en mettant zone à ban, puis elle l'avait ravagée par ses destructions, ses abattages, ses travaux du génie pour établir un glacis de tir et des tranchées, enfin avec ses dépôt, ses enclos, ses parcs de toutes sortes, ses manutentions  et ses panifications, ses cartoucheries et ses poudreries, ses terrains interdits et dangereux , ses amoncellements de débris et de matériel avarié, châssis, canons, aéroplanes, et ses longues files de baraques goudronnées s'étendant sur des kilomètres et des kilomètres et recouvrant des centaines et des centaines d'hectares à l'est, au sud, au nord et à l'ouest pour loger la main-d’œuvre exotique, les éclopés, les vérolés, les galeux, les mutilés dans les centres de réforme improvisés, les fous dans les hospices qui regorgeaient comme si la folie eût été une épidémie contagieuse au même titre que la fièvre aphteuse affichée aux abords de toutes les communes où les pauvres chevaux au piquet crevaient par centaines rongeant l'écorce des arbres en bordure de toutes les routes qui fuyaient entre les montagnes de scories, les fosses des vétérinaires et les croix de bois des cimetières où l'on menait en promenade des longues théories d'aveugles de guerre, et, jusqu'à perte de vue, des alignements et des alignements des nouvelles et des nouvelles usines à munition.
    Ces usines fermées, la banlieue se trouva être envahie par les sidis, et, comme la guerre terminée, les États-Unis d'Amérique se concertèrent pour interdire l’accès de leurs ports de débarquement à l’immigration; tout ce que la Quota ne laissait pas passer de cet immense afflux d'émigrants de la vieille Europe, surtout des pays de l'Est et du Sud européens plus particulièrement victimes des suites de la guerre, ce flot reflua en France et son écume submergea la banlieue de Paris, des Polonais, des Ukrainiens, des Juifs de Galice, des heimatlos, des Russes blancs, des farouches Estoniens, des cosaques du Don ou du Kouban, des Grecs, des Macédoniens, des Bulgares, une nuée d'Italiens, d'Espagnoles et de Levantins, hommes, femmes, enfants sans argents et sans métier, sans aucune chance de trouver du travail et de se débrouiller, sans aucun espoir de s'en tirer jamais, même pas à la force du poignet, comme en Amérique, dans un vieux pays épuisé, saigné à blanc, durement policé et de petite bourgeoisie revendicatrice et en chômage.

    "L'homme foudroyé" Blaise Cendrars *

    « LE PROBLÈME DES "MINEURS NON ACCOMPAGNÉS" : DÉLINQUANCE, FAUX PAPIERS, ORIGINES...OPETH - "Universal Truth" (OFFICIAL MUSIC VIDEO) »
    Partager via Gmail

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :