• Octobre 1959

     

    Dimanche, 26 octobre [sic]


    La poésie est lyrisme. La poésie est expérience, disait Rilke.Et je dis moi: elle est expérience de la parole.
    Il faut lire beaucoup de poésie. L'expérimenter.
    Dans l'après-midi visite de L. et G. L. Ça m'a fait prendre la mesure de mon énorme différence avec les filles de mon âge. L'une d'elles a évoqué la nécessité de se rebeller contre les institutions appelées« fiancé » et « mariage ». Je l'ai regardée stupéfaite. Pour moi ces questions n'existent plus - si elles ont d'ailleurs jamais existé. Ni révolte, ni acceptation. Rien.
    J'aimerais bien me marier pourtant, juste pour faire l'expérience de cet état dont on parle tant. Être mariée une semaine ou un mois. Comme ça, je pourrais me marier cinq ou six fois sans aucun problème. Je crois que ça me plairait et que ça m'amuserait assez.
    L. a laissé entendre que je lui plaisais. Quand rencontrerai-je une fille sans tendances homosexuelles? En y réfléchissant bien, je crois que je n'en connais pas et que je n'en ai jamais connue aucune.
    « Ce qui est espagnol » commence à me séduire.


    Mardi, 27 octobre


    Je suis de plus en plus obèse? Enfin, c'est comme ça que je le vis.
    Je suis allée voir le Dr R.« Vous êtes anormale» m'a-t-il dit « Comment ça? » ai-je répondu. « Je veux dire par là que vous avez un problème de glandes », a-t-il dit.
    À présent, je dois prendre des capsules qui m' affectent les nerfs.
    J'ai découvert ma tendance à parler de thèmes obscènes, en les traitant avec humour. Je laisse entendre, par exemple, que je participe à de formidables orgies sexuelles. Ça doit être une façon de cacher ma chasteté forcément inévitable ou bien forcée, ou autre chose encore. Ou bien de prouver que je suis absolument hétérosexuelle, puisque mes vêtements bohêmes et ma voix rauque peuvent faire penser à l'homosexualité.
    Une chose est sûre, je parle comme une dévoreuse d'hommes. Moi ! La pauvre petite*.
    La pauvre petite doit maigrir. C'est urgent. Mon Dieu ! Ça me dégoûte de plus en plus de me regarder dans la glace.
    Je ne fais rien.
    « Kyo souffrait de la douleur la plus humiliante: celle qu'on se méprise d'éprouver. »


    31 octobre, samedi


    Je n'arrive pas à lire La condition humaine. Je ne comprends pas ce que je lis. Je vais bientôt devoir revenir aux contes pour enfants.Et si ça se trouve, je ne les comprendrai peut-être pas. Je n'arrive pas à lire. (C'est peut être à cause de ces cachets pour mes problèmes de glandes. Ils m'énervent.)

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