• UN SONGE D’ALPHONSE DAUDET

     Le Calvaire dans les cerises. – Une montagne noire ; une aube blanche illuminant le haut ; sur ce fond blanc, à la cime extrême du mont, un grand cerisier, un cerisier sauvage, chargé de milliers de cerises, de ces petites cerises noires avec lesquelles on fait le kirsch. Et, de ces cerises, il y en avait des millions, des milliards de mille. Seulement, les oiseaux en mangeaient beaucoup, et les paysans, pour leur faire peur, avaient mis dans le cerisier trois croix, et, sur ces trois croix, des simulacres du Christ et des deux larrons, simulacres faits de haillons avec de grossiers visages en terre blanche.
    Et les petites cerises pendaient par grappes sur ces croix, le vent les faisait danser en agitant les haillons. Mais les oiseaux n’avaient pas peur : il en venait, il en venait... le ciel en était criblé ; ils picoraient, et les cerises qu’ils becquetaient rendaient un suc d’un rouge noir, tellement que le Christ et les deux larrons étaient tout éclaboussés d’une lie, comme tachés de sang.
    Et tout cela flottait, dansait sur le fond blafard du ciel, avec une horrible couleur vineuse qui me faisait peur, et cela s’appelait : le Calvaire dans les cerises.
    Le jour, j’avais assisté à un enterrement avec musique noire, procession, Christ au fond du chœur dans les cierges. Le soir, j’avais causé au café avec B.... nous avions bu du kirsch, j’avais raconté mes voyages dans les Vosges, parlé des cerisiers sauvages et des myrtilles.

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