• Le givre (9)

     

    Plus céleste que les petits soldats d'or peints par les moines, mieux armé pour défendre l'invisible, était le givre qui, deux jours durant, a transfiguré les arbres du parc de la Verrerie. Avec la minutie d'une dentellière, il entrecroisait le vide et le plein, faisant s'ouvrir des fleurs de rien au coeur de l'air, saupoudrant de blanc les pointes des feuilles de houx sans toucher à leur vert, passant un doigt de lumière sur la blancheur cassante des branches - comme sur le bord d'un verre de cristal. Tout vibrait de pureté. Tous chantait en silence. Les icônes de givre ont été visibles deux jours. Au matin du troisième jour elles commencèrent à fondre, découvrant dans leur effacement leur plus grande gloire.

    Mon plus beau cadeau de Noël ce serait qu'on m'amène devant un saule pleureur couvert de givre et qu'on me dise : "Voilà, c'est pour toi." Ensuite je repartirais les mains vides, ébloui

    Un poète rencontre toujours un poète plus grand qui lui arrache le coeur d'admiration. J'ai rencontré le givre.

    C. Bobin "Prisonnier au berceau"

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